Plusieurs associations, ONG, organisations et partis de gauche, dont EELV, LFI et la CGT ont appelé à défiler «contre les violences policières», le 23 septembre prochain, près de trois mois après la mort de Nahel et la dernière manifestation interdite par la préfecture de police de Paris.
Une cinquantaine d’associations, de syndicats et de partis politiques ont appelé les Français à défiler, le 23 septembre prochain, «contre les violences policières et pour la justice sociale et les libertés». Après un premier échec le 15 juillet dernier avec une manifestation interdite par la préfecture de police de Paris, les organisations entendent bien rassembler un grand nombre de citoyens pour une «marche unitaire».
Quelques jours après la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué lors d’un contrôle de police après un refus d’obtempérer, la gauche s'était rassemblée pour appeler à manifester, le 15 juillet, «contre les violences policières». Cette dernière s’était alors heurtée à un refus catégorique de la part du ministère de l’Intérieur, sous l’impulsion de Gérald Darmanin, et de la préfecture de police de paris, qui ont déclaré la manifestation interdite. Une décision validée par la suite par la justice.
Les autorités avaient ensuite interdit par deux fois des manifestations prévues en juillet par une centaine d’organisations. L’une d’elles, qui avait tout de même eu lieu le 8 juillet à Paris et rassemblé environ 2.000 personnes, avait débouché sur l’arrestation de Youssouf Traoré, le frère d’Adama Traoré, mort en juillet 2016 à la suite de son interpellation par des gendarmes. Plusieurs journalistes avaient également rapporté avoir subi des violences de la part des forces de l’ordre.
«Faire front contre la répression des contestations sociales»
«Nous appelons à reprendre la rue samedi 23 septembre, à organiser des manifestations ou d’autres initiatives sur tout le territoire, pour faire front ensemble contre la répression des contestations sociales, démocratiques et écologiques, pour la fin du racisme systémique, des violences policières, et pour la justice sociale climatique, féministe et les libertés publiques», ont écrit la cinquantaine d’organisations signataires d’un communiqué diffusé ce mardi 1er août.
Elles dénoncent en particulier «une politique néolibérale imposée par des méthodes autoritaires, des lois sécuritaires et une doctrine du maintien de l’ordre décriée jusque dans les plus grandes instances internationales, une politique régressive qui fait le lit de l’extrême droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique».
Une réforme en profondeur de la police
Ainsi, les organisations réclament notamment «l’abrogation de la loi de 2017 sur l’assouplissement de la règlementation en matière d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre», mais aussi «une réforme en profondeur» de la police et de ses techniques d’intervention. Les organisations demandent également «le remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique» ainsi que la «création d’un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse» au sein du Défenseur des droits.
Enfin, elles réclament le «renforcement des moyens de lutte contre le racisme» et un «plan d’investissement public ambitieux dans les quartiers populaires sur l’ensemble du territoire».
Une instutition policière jugée «hors de contrôle»
Selon les organisateurs de cette manifestation, l’institution policière serait devenue «hors de contrôle du pouvoir politique» avec notamment des «déclarations factieuses de certains syndicats de policiers suite au meurtre de Nahel» ainsi que des propos «qui remettent en cause l’État de droit» prononcés par le Directeur général de la police nationale (DGPN).
Au cœur des émeutes survenues après la mort de Nahel, les syndicats Alliance et Unsa Police avaient en effet publié un communiqué dans lequel ils dénonçaient «le diktat des minorités violentes» et appelaient au «combat contre ces nuisibles», ce qui avait provoqué de nombreuses réactions à gauche. L’Unsa s’était finalement elle-même désolidarisée des propos de sa branche police.
De son côté, le DGPN, Frédéric Veaux, avait créé la polémique au milieu de mois de juillet après la fronde des policiers face au placement en détention provisoire de l’un de leurs collègues, soupçonné d’avoir roué de coups un jeune adolescent marseillais, Hedi, pendant les émeutes. Le patron de la police avait ainsi estimé «qu’un policier n’a pas sa place en prison avant un éventuel procès, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail».