Ce vendredi 7 juillet, un juge d'instruction a été désigné afin de poursuivre les investigations concernant d'éventuels manquements de l'administration lors de la protection de Samuel Paty.
Les investigations sur d'éventuels manquements de l'administration dans la protection de Samuel Paty, assassiné le 16 octobre 2020 aux abords du collège où il enseignait, ont été confiées à un juge d'instruction, a confirmé vendredi 7 juillet, une source judiciaire à l'AFP.
«Un juge d'instruction a été désigné, donc il va poursuivre les investigations qui sont en cours depuis un an sous une enquête préliminaire», avait déclaré plus tôt dans la matinée sur FranceInfo Me Virginie Le Roy, qui avait déposé une plainte en avril 2022 visant «plusieurs agents du ministère de l'Intérieur et du ministère de l'Education nationale».
Selon la source judiciaire, le parquet de Paris qui menait une enquête préliminaire sur ce volet depuis le 19 avril 2022 a demandé le 3 février dernier, la désignation d'un magistrat instructeur pour poursuivre les investigations pour non-assistance à personne en péril et non-empêchement de crime. «L'instruction est en cours», a-t-elle précisé.
«On attend que la vérité soit faite»
«On attend que la vérité soit faite (...) il faut que des investigations se poursuivent pour que l'on sache véritablement qui a fait quoi et qui n'a pas fait quoi surtout», a déclaré Maître Le Roy sur Franceinfo. L'avocate, qui s'est dite «intimement persuadée» que l'assassinat de Samuel Paty aurait pu être évité, a évoqué à la radio les «services de renseignement, les services de police, la DGSI et également l'académie de Versailles». Maître Le Roy avait déposé une plainte le 6 avril 2022 au nom d'une partie de la famille de Samuel Paty.
Dans cette plainte, elle rappelait le lent engrenage, commencé par un cours sur la laïcité dans le collège des Yvelines où enseignait le professeur de 47 ans début octobre 2020, qui a abouti à son assassinat le 16 par Abdoullakh Anzorov, réfugié russe d'origine tchétchène.
Le jeune homme de 18 ans, radicalisé, lui reprochait d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet et avait revendiqué son geste en se félicitant d'avoir «vengé le prophète», avant d'être tué par la police. Selon la plainte, «dès le 8 octobre et jusqu'au 16, Samuel Paty, la principale et les enseignants ont identifié une menace grave pour leur intégrité physique et la sécurité du collège».
Cette menace résultait notamment de la médiatisation de l'affaire via les réseaux sociaux par Brahim Chnina, le père d'une collégienne qui prétendait avoir assisté au cours pendant lequel Samuel Paty avait montré les caricatures, et par le sulfureux militant islamiste Abdelhakim Sefrioui.
Mais cette «fatwa contre le professeur», comme l'avait qualifiée le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin trois jours après l'assassinat, n'a pas eu de réponse à la hauteur, estiment les proches du professeur.
Mi-mai, les magistrats antiterroristes chargés des investigations sur l'assassinat de Samuel Paty ont ordonné des procès aux assises pour huit majeurs et devant le tribunal pour enfants pour six adolescents.