Les députés de l’Assemblée nationale doivent débattre à partir de ce lundi 22 mai sur la nette hausse du budget des armées prévue dans le cadre du projet de loi de programmation militaire.
Des débats qui s’annoncent mouvementés. A partir de ce lundi 22 mai, les députés de l’Assemblée nationale discuteront du projet de loi de programmation militaire, qui prévoit plusieurs dispositions qui font grincer les dents des élus de tout bord.
Une hausse conséquente de budget
Une forte augmentation du budget militaire est attendue à l’intérieur de ce projet de loi du gouvernement. En effet, le besoin identifié pour les armées s'élève à 413,3 milliards d'euros sur sept ans (2024-2030), soit 40% de plus que pour la précédente loi de programmation militaire (LPM).
Le budget doit être abondé par marches successives, soit plus 3,1 milliards d’euros en 2024 puis 3 milliards supplémentaires par an de 2025 à 2027, et enfin 4,3 milliards de plus par an à partir de 2028. Le budget atteindra 69 milliards d'euros en 2030.
Si 400 milliards d'euros sont financés par des crédits budgétaires, 13,3 milliards le seront par des ressources extrabudgétaires, plus incertaines.
Comment est utilisé l’argent ?
Face au retour de la guerre en Europe et à la montée des tensions internationales, la LPM définit un format d'armée. Celui-ci est fonction de la volonté de préserver des moyens souverains, en premier lieu la dissuasion nucléaire, mais aussi des alliances.
Sur les 413,3 milliards, le ministère des Armées estime à 30 milliards d'euros l'impact de l'inflation sur la période.
La dissuasion nucléaire, en raison de sa modernisation, consomme à elle seule 13% des crédits.
La cible de 275.000 militaires et civils (hors réservistes) est inchangée mais les crédits passent de 87 à 98 milliards d'euros sur la période pour améliorer les rémunérations et les inciter à rester dans l'armée.
Les équipements, avions et blindés, représentent 268 milliards d'euros. Le budget consacré à leur entretien grimpe de 40%, soit 49 milliards d'euros, tout comme celui de l'entraînement des forces, estimé à 65 milliards d’euros.
La LPM entend aussi remédier à des faiblesses mises en lumière par le conflit en Ukraine, notamment pour augmenter les stocks de munitions ou les dispositifs de défense sol-air.
Deux fois plus d'argent sera consacré aux drones, soit 5 milliards d'euros, ainsi que 5 milliards au renseignement et 2 milliards aux forces spéciales.
Moins de véhicules
Dans un cadre contraint, ces hausses conduisent à des décalages de livraisons de matériels à l'après-2030. Les armées recevront 2.300 nouveaux blindés sur la période, soit 30% de moins que prévu auparavant.
En 2030, l'armée de l'Air disposera de 137 Rafale contre un objectif initial de 185 et de 35 avions de transport A400M, contre 50, tandis que la Marine ne pourra compter que sur trois des cinq frégates de défense et d'intervention.
Un projet critiqué par l’opposition
Les débats en première lecture vont s'étaler sur deux semaines, avec plus de 1.700 amendements déposés, avant un vote solennel le 6 juin.
Députés de gauche comme de droite entendent dénoncer des effets d'annonce, voire l'«insincérité» du texte.
Les 13,3 milliards d’euros devant être financés par des ressources extrabudgétaires suscitent également l’inquiétude des oppositions. Si le ministre des Armées Sébastien Lecornu a ironisé sur «la tentation de s'attaquer à la copie par le détail», Les Républicains ont fait passer un amendement en commission visant à mieux les sécuriser.
D’autres amendements vont être proposés afin de revoir les différentes marches budgétaires prévues dans le texte. En l’absence de majorité absolue, le groupe LR jouera un rôle pivot dans ces débats.
De leurs côtés, les écologistes ont fait savoir qu’ils s’opposeraient au projet d’un futur porte-avion, tandis que les communistes feront valoir leur volonté de sortir de la dissuasion nucléaire. Les Insoumis soulèveront, entre autres, la question de l'Otan et présenteront un contre-projet global lundi.