Le ministre de la Santé François Braun s'est prononcé ce lundi 15 mai en faveur d'une interdiction du HHC (hexahydrocannabinol). Cette substance vendue dans les boutiques proposant du CBD inquiète, tant sur sa puissance que sur ses effets, comme l'explique le toxicologue Hervé Gourlain.
Une substance encore méconnue, dont les effets pourraient être dangereux. Le ministre de la Santé François Braun a annoncé ce lundi 15 mai vouloir interdire, dans les prochaines semaines, le HHC (hexahydrocannabinol), dérivé du cannabis obtenu après l'hydrogénation, ne comprenant pas qu'il ne soit pas déjà répertorié comme étant une drogue.
Le docteur Hervé Gourlain, toxicologue à l'hôpital Lariboisière à Paris, est revenu pour CNEWS sur les risques liés à cette substance, qui a récemment garni les étagères des magasins de CBD.
Qu'est-ce que le HHC, cette substance dont le ministre a vivement déconseillé l'usage ?
Le HHC (hexahydrocannabinol) est un dérivé hydrogéné du cannabis qui passe rapidement dans le cerveau. Il provient d'une modification de la molécule du tétrahydrocannabinol, découvert en 1944, puis fabriqué aux Etats-Unis.
Comment est-il consommé ?
Il est, chez la plupart des consommateurs, ingéré après une pulvérisation sublinguale de l'huile. D'ailleurs, selon les premières remontées, il serait fortement déconseillé de fumer le HHC, bien que certains le fument de la même manière que le CBD (cannabidiol).
Quels sont les principaux dangers ? Les effets ?
Pour le moment nous n'avons pas un grand recul, surtout en laboratoire, mais le problème majeur reste en circulation routière. A l'inverse du cannabis, il est peu probable que le HHC soit détecté, ni en test salivaire avec l'utilisation des bandelettes dédiées, ni suite à un test urinaire. Pourtant, la consommation de cette modification synthétique amène une grande détente, et comprend toutes les caractéristiques habituelles des cannabinoïdes à savoir l'altération de la perception du temps, ainsi que la modification du stade de l'humeur.
Concernant ses dangers, il n'y a peut-être pas de risques de manière immédiate, mais après sa prise, on peut déplorer des chutes. Sans oublier que le HHC est une substance très addictive et extrêmement puissante. Tout est une question de dosage. L'effet du HHC peut être 200 fois supérieur à celui du cannabis.
François Braun veut le faire interdire dans les «prochaines semaines», quel est son statut actuel ?
Il y a un flou juridique autour du HHC. Il n'est pas du tout dans la liste des substances illicites en France. Ce que l'on sait c'est qu'il y a des consommateurs, qui se fournissent dans des établissements proposant du CBD. Sa consommation n'est ni légale, ni illégale ce qui permet aux vendeurs de CBD de disposer librement de HHC pour qu'il soit mis en vente.
Craignez-vous l'arrivée d'autres substances de synthèses similaires dans les boutiques de CBD ?
C'est l'un des principaux risques. Cependant les boutiques de CBD restent ciblées sur les produits d'origine cannabinoïdes et non d'autres molécules, comme la cathinone (molécule possédant des caractéristiques proches de celles des amphétamines), que l'on peut se procurer sur Internet. C'est justement le fait qu'il y ait des boutiques de CBD qui a ensuite ouvert la possibilité au HHC d'être vendu.
Voyez-vous dans certaines de ces enseignes un manque de transparence ?
C'est une possibilité pour certaines d'entre-elles. Surtout que le CBD reste un produit qui n'est pas assez contrôlé. Il peut y avoir des contrôles sur les produits à base de CBD puisqu'ils doivent légalement présenter un taux de THC (la principale substance du CBD) inférieur à 3%. A mon avis, il y a déjà une déviance à ce niveau-là, avec des produits dont le taux n'est pas toujours inférieur au maximal autorisé. Cela pourrait d'ailleurs inciter une clientèle à privilégier une boutique plutôt qu'une autre, si la substance est dotée d'une puissance plus importante.