Un an après sa création, la Nupes se cherche un nouveau souffle alors que les désaccords se multiplient au sein de l'alliance de partis de gauche. LFI, le PS, le PC et EELV doivent notamment se mettre d'accord sur une ligne de conduite en vue des élections européennes.
Un anniversaire et des questions en suspens. La Nupes fête ce jeudi sa première année d'existence et s'interroge sur son avenir, alors que certains de ses membres appellent à un «acte II» de l'alliance de gauche.
Près d'un an après avoir raflé 150 sièges à l'Assemblée nationale en juin dernier, la coalition de LFI, du PS, du PC et d'EELV a plus d'une fois montré ses failles. Et les tensions n'ont pas tardé à se faire jour. Dès le lendemain des élections législatives, Jean-Luc Mélenchon demandait la constitution d'un groupe parlementaire unique de la Nupes, un projet rapidement abandonné après le refus net de ses partenaires.
Malgré un été placé sous le signe de l'espoir, la rentrée de la Nupes a été assombrie par les affaires Bayou et Quatennens qui ont divisé aussi bien la coalition que les partis en interne. Le soutien de Jean-Mélenchon à Adrien Quatennens, qui a reconnu avoir giflé sa compagne, puis la réintégration du député LFI à l'Assemblée ont provoqué un tollé dans les autres partis de gauche.
désaccords stratégiques
Les partenaires des Insoumis ont aussi plusieurs fois affiché leur désapprobation vis-à-vis des excès verbaux des députés LFI. Comme lorsqu'André Chassaigne (PC) et Boris Vallaud (PS) ont recadré Aurélien Saintoul, qui avait qualifié le ministre du Travail d'«assassin». Ou que Jérôme Guedj (PS) avait dénoncé la «polémique» créée par Mathilde Panot, qui avait accusé Emmanuel Macron d'avoir rendu hommage à Pétain en 2018.
Mais c'est sur la stratégie que les désaccords ont été le plus profond. Quand la Première ministre Elisabeth Borne multipliait les 49-3 en fin d'année 2022 sur le budget, la stratégie de LFI de contre-attaquer systématiquement par un dépôt de motion de censure avait fini par lasser à gauche. Une divergence de vues qui s'est reproduite au moment de la crise des retraites. Quand les troupes de Jean-Luc Mélenchon multipliaient les amendements pour saper le débat parlementaire, le PS, le PC et les Verts retiraient les leurs pour que l'article 7, qui recule l'âge de la retraite à 64 ans, soit soumis au vote dans le temps imparti. En vain.
A la suite de cette séquence, la députée EELV Sandrine Rousseau avait appelé de ses vœux un «acte II de la Nupes», réclamant une alliance de gauche «plus claire et démocratique».
fabien Roussel prêt à dynamiter la Nupes ?
Si Jean-Luc Mélenchon a plusieurs fois irrité ses partenaires, c'est désormais Fabien Roussel qui suscite l'inquiétude au sein de la coalition. Le leader communiste, qui n'a jamais caché son inamitié avec Jean-Luc Mélenchon, a jugé la Nupes «dépassée» dans un entretien à L'Express début avril. Se disant prêt à discuter avec l'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, qui vient de lancer son mouvement de gauche anti-Nupes «La Convention», il a appelé à «rassembler bien au-delà» de la Nupes.
Alors que Fabien Roussel semble plus que jamais prêt à faire éclater l'alliance, des représentants des quatres partis de gauche se sont réunis mardi 2 mai pour imaginer un «acte 2» de la Nupes, expression approuvée par Jean-Luc Mélenchon lui-même.
Les élus de gauche devaient notamment discuter de la proposition du premier secrétaire du PS Olivier Faure de retravailler un «contrat de coalition»pour la présidentielle, d'une «agora» ouverte aux associations, syndicats et intellectuels, ou encore du souhait de LFI d'une «adhésion directe à la Nupes».
Les Insoumis espéraient surtout aborder la question des élections européennes de 2024, au cœur d'un nouveau contentieux avec EELV. LFI met la pression pour une liste commune à cette élection qui lui est peu favorable, alors que les écologistes, dont c'est le scrutin phare, s'y refusent. Pour le coordinateur de LFI Manuel Bompard, partisan d'une discussion «avant l'été», une liste commune permettra à la Nupes de «battre l’extrême droite et les macronistes». Mais entre des écologistes fédéralistes, des socialistes défenseurs de l'Europe, et des insoumis et des communistes plus eurosceptiques, les divergences sont nombreuses.