François Bayrou a estimé samedi que «rien n'a été clairement expliqué» dans la réforme des retraites, le gouvernement s'étant selon lui «laissé prendre dans un piège», faute d'avoir porté «le débat sur l'inéluctable rééquilibrage du système», dans un entretien au JDD.
Une série d'erreurs de la part de l’exécutif. Dans un entretien au JDD, l’allié historique d’Emmanuel Macron, François Bayrou, a estimé ce samedi 29 avril que «rien n’a été clairement expliqué» dans la réforme des retraites.
«Le débat avec le pays l'inéluctable rééquilibrage du système de retraites n'a pas eu lieu, là est la source de toutes les difficultés», considère le patron du MoDem, en expliquant «ne pas arriver à comprendre pourquoi on a accepté sans réagir que l'on accrédite dans l'esprit des Français l'idée que notre système de retraites était aujourd'hui équilibré».
Dans une interview accordée au JDD, le haut-commissaire au Plan et leader du MoDem, François Bayrou (@bayrou), déplore que « le débat avec le pays sur l’inéluctable rééquilibrage du système de retraites » n’ait pas eu lieu.
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Face à «la blague» du discours des oppositions qui contestent la nécessité d'un refinancement du système, selon lui des «esprits égarés», l'allié historique d'Emmanuel Macron déplore notamment que «le gouvernement n'ait pas présenté aux Français» les «chiffres de la comptabilité nationale» : «Pourquoi? Pour ménager les partenaires sociaux? Par souci de rassurer Bruxelles? Ou par conformisme de pensée?»
«Il y a des responsabilités des deux côtés»
«C'est notre conception même de la démocratie qui est en jeu», poursuit le triple candidat malheureux à la présidentielle, en fustigeant l'idée de «croire qu'une fois élus, ce sont les dirigeants qui décident tout seuls, et que la base devra suivre, obéir ou se résigner à une décision prise au-dessus d’elle».
«Aucune grande réforme ne peut être conduite si l'on n'a pas porté l'exigence de totale information et de prise de conscience partagée», a fait valoir M. Bayrou, en estimant que «les fractures, les résistances et les réticences» viennent «quand l'organisation du pouvoir se réduit à une confrontation entre un 'sommet' qui ne dit pas qui il est et ce qu'il veut et une base à qui on ne demande que d'obéir».
Or, selon lui, «les mécanismes de contrôle du pouvoir d'en haut, l'éternel retour des mêmes éléments de langage, des mêmes réflexes technocratiques ont entravé la mission de réinventer les rapports entre la base et le prétendu sommet».
Sur le fond, le haut-commissaire au Plan estime qu'il aurait «fallu un plan beaucoup plus complet de retour à l'équilibre sur dix ou douze ans, avec des efforts demandés pas seulement aux salariés, mais aussi à d'autres catégories de la population», en faisant part de sa «souffrance» que les «réformistes n'arrivent pas à trouver les méthodes du travail en commun».
«Il y a des responsabilités des deux côtés», juge-t-il, pointant «l'approche raide» de la CFDT «et, du côté de l’exécutif, la crainte de se faire 'couillonner' après avoir fait des concessions».