Enregistrés à leur insu lors d'une manifestation, les policiers de Brigrade de répression de l'action violente motorisée (BRAV-M) ont donné une raison à leurs propos menaçants envers des manifestants en mars dernier. Selon eux, la «fatigue» y est pour beaucoup.
Les policiers de la BRAV-M enregistrés à leur insu ont plaidé «la fatigue physique et morale» pour expliquer leurs propos menaçants et humiliants envers des manifestants interpellés à Paris, dans la nuit du 20 au 21 mars, lors d'un cortège sauvage contre la réforme des retraites.
L'AFP a eu accès aux rapports de sept agents de cette brigade intervenus le soir des faits.
«des vacations de 14 heures, voire 16 heures»
L'équipage avait pris son service à 10h30, selon l'un des gardiens de la paix. Il est passé 23h quand ce dernier et ses collègues interpellent sept jeunes soupçonnés d'avoir mis le feu à des poubelles. «La fatigue physique et morale était à son seuil le plus élevé, nous contraignant à agir bien au-delà de nos capacités», déclare l'un des gradés, présent ce soir-là, dans son rapport.
«Des vacations de 14 heures, voire 16 heures» durant lesquelles «nos besoins fondamentaux et vitaux n'ont pas été respectés, s'hydrater et se restaurer étaient très compliqué», poursuit-il.
Un autre reconnaît que «tout ça a pu jouer dans cette situation» qui, selon lui, n'a pas été traitée avec le professionnalisme habituel».
Des manifestants «très agités»
La quasi-totalité disent aussi avoir agi en réaction aux «provocations» et à l'«arrogance» de l'un des interpellés, Souleyman, un étudiant tchadien, principale cible des policiers dans l'enregistrement. Certains évoquent également le «comportement très agité» voire «virulent» de Salomé, une jeune femme également membre du groupe interpellé.
Souleyman, 23 ans, et Salomé 22 ans, ont porté plainte contre les policiers. La plainte de Souleyman, qui rapporte qu'un policier l'a «attrapé par le sexe» et insulté en lui disant «t'as même pas de couilles», vise aussi des faits d'agression sexuelle et des infractions à caractère raciste.
Depuis la révélation des faits, les fonctionnaires ont été écarté de la voie publique et n'interviennent plus sur les manifestations, mais n'ont pas été suspendus. Deux enquêtes, administrative et judiciaire, ont été ouvertes et confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).