La Cour d’assises spéciale de Paris a condamné Douha Mounib, jihadiste française ayant rejoint la zone irako-syrienne avant d’être arrêtée en 2017, à 12 ans de réclusion. Au sein de Daesh, elle avait notamment pour rôle de pratiquer l'accouchement des femmes de combattants.
Après près de cinq heures de délibéré, la cour d'assises spéciale a condamné Douha Mounib, jugée depuis lundi pour association de malfaiteurs terroriste (AMT) criminelle, à 12 ans de prison, assortis d'une période de sûreté des deux tiers. Le parquet national antiterroriste (Pnat) avait requis quatorze ans de réclusion, dont deux tiers de sûreté, à l'encontre de l'accusée de 32 ans.
Un profil singulier. Parmi les nombreuses femmes françaises ayant décidé de rejoindre les rangs de Daesh ou de troupes jihadistes au Moyen-Orient au cours de la décennie 2010, celui de Douha Mounib sort du lot. Outre sa radicalisation assumée et sa volonté absolue de rejoindre la zone irako-syrienne, c’est son rôle, une fois sur place, qui interpelle.
Après une première tentative infructueuse de rejoindre la Syrie, due à une grossesse difficile qui l’avait obligée à rentrer en France, où son enfant était mort quelques jours après sa naissance, en 2014, la jeune femme de 23 ans avait repris ses tentatives, en tentant de passer par le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie ou la Macédoine pour aller en Turquie. Elle y était parvenue en juillet 2015, en ayant volé l’identité de sa mère, avant de passer en Syrie avec un nouvel époux.
Accoucher les «lionceaux du califat»
Là, en plus de ses actions de propagande pour la cause jihadiste sur les réseaux sociaux, Douha Mounib utilisait sa formation de sage-femme, reçue en France avant sa radicalisation, pour pratiquer au moins douze accouchements à des femmes de Daesh. Des actes «hautement symboliques», selon l’acte d’accusation consulté par Le Parisien, puisqu’elle permettait ainsi de donner la vie aux «lionceaux du califat», appelés plus tard à se battre pour Allah. Chose qu’elle conteste.
Mère à son tour en 2016 et arrêtée en 2017 en Turquie, elle avait été rapatriée en France. Durant l’instruction, elle n’avait pas réfuté ses actions et son idéologie, tout en affirmant cependant s’être «trompée» sur Daesh, qu’elle qualifiait désormais de «secte» de «tyrans». Face à des propos sur Twitter qui lui sont imputés par l’accusation - «c’est l’homme qui combat mais la femme qui éduque les futurs moudjahids et les futures femmes qui éduqueront les futurs moudjahids» - elle s’était défendue d’avoir voulu faire de ses propres enfants et de ceux qu’elle accouchait des combattants.
Un discours de façade, selon l’accusation, qui s'est appuyée sur la retentissante tentative d’évasion de la jeune femme de la maison d’arrêt de Fresnes en 2021 (elle avait fait un trou dans le mur de sa cellule avant d’escalader plusieurs lignes d’enceinte), pour démontrer le danger qu’elle peut toujours représenter.