Emmanuel Macron n'a pas exclu ce mercredi 8 février de retirer la Légion d'honneur remise à Vladimir Poutine en 2006. Mais, concrètement, dans quels cas un décoré peut-il se voir déposséder de cette distinction honorifique ?
«Choisir le bon moment». Plus haute distinction qu'un président français puisse donner, la Légion d'honneur a été décernée à Volodymyr Zelensky mercredi soir par Emmanuel Macron. En 2006, c'est son prédécesseur, Jacques Chirac, qui l'avait remise à Vladimir Poutine. Lors de la cérémonie honorant le président ukrainien, le chef de l'Etat a émis l'idée selon laquelle son homologue russe pourrait perdre la sienne.
Pour retirer la Légion d'honneur à Vladimir Poutine, le président de la République pourrait s'appuyer sur les dispositions en vigueur. D'après le site officiel de la Légion d'honneur, «la distinction peut être retirée en cas de condamnation pénale et lorsque le décoré a commis des actes contraires à l'honneur ou de nature à nuire aux intérêts de la France».
Une personne décorée qui se verrait condamnée à une peine de prison d'au moins un an ferme pourrait aussi perdre sa légion. Concernant le président russe, l'attaque lancée sur l'Ukraine, pourrait à elle seule se justifier. Quoi qu'il en soit, si la décision est prise, elle devrait être annoncée par la publication d'un décret.
«Je ne m'interdis rien... mais ce n'est pas une décision que j'ai prise aujourd'hui», a par ailleurs tempéré le président de la République quant à cette éventualité, tout en précisant que de tels choix «étaient toujours lourds de sens et qu'il faut apprécier le bon moment pour le faire».
Pour mémoire, déjà à l'époque, la décision de Jacques Chirac de remettre la Légion d'honneur à Vladimir Poutine avait soulevé la polémique à tel point que l'organisation Reporters sans frontières avait tenté de la faire tout de suite enlever.
on leur a retiré la légion d'honneur
Si retirer une Légion d'honneur demeure une décision rarissime, quelques cas mémorables existent néanmoins à l'instar de Maurice Papon, ex-préfet de Police de Paris, privé de la sienne en 1998, après avoir été condamné à dix ans de réclusion pour complicité de crime contre l'Humanité. Toutefois, il a quand même été enterré avec sa médaille, en 2007.
Idem pour le coureur cycliste américain Lance Armstrong, qui s'est vu destitué de sa décoration par François Hollande, après avoir avoué s'être dopé en 2013. Même sanction pour le producteur américain Harvey Weinstein, condamné pour viols et agressions sexuels et à l'origine du scandale #MeToo.
Plus étonnant, des célébrités ont refusé la Légion d'honneur comme Brigitte Bardot, qui, en 1985 a décidé de ne pas aller la récupérer «Ma Légion d'honneur, je la dédie aux animaux qui souffrent» avait-elle déclaré.