Pas moins de 3.015 personnes à la rue ont été décomptées à Paris, et 618 autres dans les villes métropolitaines partenaires, lors de la 6e édition de la Nuit de la Solidarité, organisée dans la soirée du 26 au 27 janvier dernier, a-t-on appris ce jeudi 9 février.
Lors de la 6e édition de la Nuit de la Solidarité, un total de 3.633 personnes à la rue ont été recensées. Soit 3.015 personnes dans les rues et les bois de Paris, mais aussi dans les gares et les parkings, ainsi que 618 autres dans les 27 communes de la métropole du Grand Paris, parmi lesquelles Aubervilliers (93), Saint-Ouen (93), Saint-Denis (93), Courbevoie (92), Nanterre (92), Issy-les-Moulineaux (92) ou encore Vincennes (94), qui ont souhaité participer à cet événement parisien.
Un chiffre en hausse de 16 %
A l'échelle de la capitale, le chiffre est en hausse de 16 % par rapport à l'an passé, a déploré la municipalité parisienne, par la voix de Léa Filoche, l'adjointe à la mairie de Paris chargée des solidarités, de la lutte contre les inégalités et contre l'exclusion.
L'an passé, 2.598 personnes sans-abri avaient été décomptées dans la capitale lors de la 5e édition de la Nuit de la Solidarité, contre 3.015 cette année. A l'échelle métropolitaine, ce chiffre atteignait donc 3.085 personnes à la rue, pour 9 communes limitrophes participantes en plus de Paris, contre 3.633 personnes cette année, pour 27 communes partenaires en plus de Paris.
L'élue parisienne souligne d'ailleurs que cette tendance à la hausse s'est mesurée «dans l'ensemble des secteurs : rues comme hôpitaux, gares, parkings ou bois». «L'augmentation concerne notamment le nombre d'enfants mineurs, de femmes ainsi que la part des personnes en couples, familles et en groupes», a précisé Léa Filoche.
En effet, pas moins de 500 mineurs à la rue ont été rencontrés lors de cette 6e édition. Un record selon la municipalité parisienne, qui rappelle que les couples avec enfants représentaient 6 % de l'ensemble des personnes recensées l'an passé, contre 14 % cette année. Dans les 27 communes participantes de la métropole, ce taux tombe à 5 % avec «seulement» 33 personnes en couples et familles recensées.
Des sans-abri plus nombreux dans l'est parisien
Dans le détail et sans surprise, c'est dans l'est parisien que le nombre de sans-abri est le plus élevé avec 438 personnes rencontrées dans le 12e, dont 164 étaient installées dans le bois de Vincennes, 403 personnes dans le 19e, 386 dans Paris Centre, auxquelles s'ajoutent 55 autres présentes devant l'Hôtel de Ville de Paris, comme c'est le cas quasiment tous les soirs, qui n'ont pu être mises à l'abri pour la nuit.
En outre, jusqu'à 269 personnes sans-abri se trouvaient dans certains secteurs spécifiques, tels que des campements de fortune, des talus du périphérique ou dans les parcs et jardins. Plus de 300 personnes – 195 sur le réseau RATP et 128 sur le réseau SNCF – avaient également trouvé refuge dans les stations de métro et gares parisiennes.
Ces chiffres nous obligent également à accélérer la mise en œuvre des actions définies dans le Pacte parisien de lutte contre l’exclusion, initié par la Ville de Paris. https://t.co/WmDfDyyoLj
— Léa Filoche (@leafiloche) February 9, 2023
«Les résultats viennent entériner les inquiétudes exprimées par l'ensemble des acteurs qui, au quotidien, luttent contre l'exclusion. Cette 6e édition confirme la nécessité de la création de nouvelles places d'hébergement par l'Etat et l'accélération de la mise en œuvre des actions définies dans le Pacte parisien de lutte contre l'exclusion, initié par la Ville de Paris», a ainsi commenté Léa Filoche.
Parmi ces actions concrètes, l'exécutif municipal plaide notamment pour «l'ouverture d'un "lieu sas" pour permettre aux personnes qui arrivent sur le territoire français notamment en parcours d'asile de faire le point sur le plan sanitaire, psychologique, social et administratif», pour «l'augmentation de manière très importante des places d'hébergement d'urgence» couplée à une vraie politique de «réinsertion sociale» ou encore «pour la régularisation des sans-papiers».
«Aujourd'hui, les dispositifs d'hébergement sont saturés, par des gens qui n'ont rien à y faire, car une grande part d'entre eux travaillent et sont intégrés, mais sont sans-papiers», s'était ainsi exprimée Léa Filoche, il y a un mois, évoquant une «espèce de zone grise» dans laquelle les sans-papiers n'ont «le droit à rien, déplacés d'un hôtel à l'autre». Des situations «très difficiles», selon elle, «en particulier pour les enfants» qui ne peuvent pas se projeter dans quelque chose de pérenne et de rassurant.