Le 26 janvier 2022, le livre-enquête «Les Fossoyeurs» de Victor Castanet sortait, révélant les maltraitances présentes au sein des Ehpad du groupe Orpea. Un an après, la situation a-t-elle vraiment changé ?
Depuis, «c’est tolérance zéro». C’est que qu’a assuré le directeur général d’Orpea Laurent Guillot ce mercredi, un an après la parution du livre-enquête «Les Fossoyeurs» de Victor Castanet, révélant les conditions de vie des personnes âgées dépendantes et de travail des salariés.
Interrogé sur la situation actuelle du groupe Orpea, Laurent Guillot a assuré sur franceinfo que «c'est tolérance zéro sur les pratiques illégales et sur les pratiques financières d'optimisation».
Quelques instants plus tard, dans la presse, le journaliste Victor Castanet a reconnu qu’Orpea a depuis «changé certaines pratiques comme la gestion de l'argent public avec les fameuses marges arrières sur les produits de santé».
Si le groupe d’Ehpad privé fait toujours l’objet d’une enquête pour «maltraitance institutionnelle et infractions financières», il a décidé fin décembre de porter plainte contre l’ancien directeur Yves Le Masne. Démis de ses fonctions depuis le 30 janvier 2022, il est visé pour «des faits susceptibles de caractériser des infractions d'abus des biens ou du crédit de la société, d'abus de confiance, complicité, recel ou blanchiment».
De nombreux changements
Arrivé en juillet 2022, Laurent Guillot a reconnu que, sans le livre «Les Fossoyeurs», «rien n’aurait changé» dans les établissements.
D’après le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, le gouvernement aurait effectué 1.400 contrôles en Ehpad. Laurent Guillot à réclamé à ce sujet qu’il y ait plus de contrôles, se targuant de n’avoir «plus rien à cacher».
Selon les dires du directeur d’Orpea, le groupe aurait embauché «près de 800 personnes par mois sur les quatre premiers mois de 2022», afin d’assurer aux personnes âgées un meilleur suivi et un meilleur traitement en Ehpad. Il a ainsi assuré avoir augmenté de 10% ce taux d’accompagnement.
Outre ces changements, il a également déclaré qu’il «n’y a pas de rationnement», concernant l’alimentation des résidents dénoncée par Victor Castanet dans son livre, et a même indiqué avoir augmenté le prix des repas pour la journée de 35%, avec plus de produits frais et bio.
Néanmoins, malgré ces améliorations, Laurent Guillot n’a pas pu affirmer qu’il n’y avait plus aucune maltraitance : «personne du public, du privé ou de l'associatif ne peut dire qu'on est à l'abri d'une erreur», a-t-il admis. Il a cependant affirmé faire «tout son possible» afin de continuer d’«améliorer le qualité du soin et la qualité de l’accompagnement que l’ensemble du système propose».
Une situation financière difficile
Avec une dette de 9 milliards d’euros, Orpea peine toujours à obtenir un accord avec ses créanciers. Avec l’inflation, les coûts d’achat ont particulièrement augmenté, rendant d’autant plus difficile le remboursement de la dette. Des discussions sont en cours, notamment avec la Caisse des dépôts représentée par l’Etat.
Laurent Guillot a d’ailleurs réagi en déclarant qu’il «n'a aucun problème» à ce que cette Caisse des Dépôts prenne le contrôle du groupe en entrant dans son capital. «Elle serait un bon actionnaire et ça rassurerait nos salariés et nos résidents», a-t-il ajouté.
Néanmoins, il faudrait déjà que les deux partis trouvent un accord, sans lequel Laurant Guillot devra se tourner vers d’autres actionnaires.