Près de deux ans après la publication du livre «Les Fossoyeurs» en janvier 2022 à l’origine du scandale lié aux maisons de retraite Orpea, le groupe a annoncé une hausse de son capital de près de 3,9 milliards d’euros visant à effacer sa dette avant un passage sous le contrôle de la Caisse des dépôts prévu ce mardi 19 décembre.
Un nouveau visage affiché pour effacer celui terni lors de l’immense tourbillon médiatique. Près de deux ans après le scandale en lien avec les maisons de retraite Orpea, le groupe a entamé une transformation radicale de son modèle économique et social.
Pour rappel, la publication du livre «Les Fossoyeurs» du journaliste Victor Castanet, en janvier 2022, avait mis le feu aux poudres. L’ouvrage avait dépeint des maltraitances sur des résidents, le malaise des salariés et de nombreuses malversations financières de l'ancienne direction. Ces révélations, qui ont fait grand bruit, ont plongé le groupe dans de graves difficultés financières, tout en l’exposant à de multiples poursuites judiciaires.
Ce mardi, un groupement mené par la Caisse des dépôts, bras financier de l’État, avec la Maif, CNP et MACSF (mutuelle des professionnels de santé) prendra le contrôle du capital d'Orpea avec 50,2% des parts. Les créanciers en posséderont 49,4% et les actionnaires actuels, s'ils décident de ne pas participer aux augmentations de capital qui leur seront ouvertes, auront 0,4% du capital.
Un plan de sauvegarde validé en juillet
Le groupe d'Ehpad privés Orpea a annoncé en juillet dernier le lancement d'une augmentation de capital «d'environ 3,9 milliards d'euros» visant à effacer une partie de sa dette dans le cadre de sa restructuration financière. Au total, la restructuration financière du groupe doit passer par trois augmentations de capital successives d'un montant total de 5,4 milliards d'euros. La dette totale d’Orpea s’élève à plus de 9 milliards d’euros.
Nommé directeur général du groupe après le scandale, Laurent Guillot s’est félicité de cette annonce vécue comme une «étape fondamentale» dans l’optique de retrouver l’équilibre financier. Selon lui, cette nouvelle devrait permettre au groupe de se consacrer à ses «priorités», à savoir le «bien-être» de ses 76.000 salariés (dont 28.000 en France), ainsi que de ses résidents et patients.
«Je ne vois pas d'opposition entre profitabilité et qualité (…) La réputation de l'entreprise a été entachée, clairement, d'où une baisse du taux d'occupation début 2022», a assuré Laurent Guillot. Le dirigeant a précisé que la direction allait «tout faire pour que ça s'estompe et qu’on commence à en voir les premiers résultats».
Il a conclu son propos en annonçant que l’entreprise «a changé et est encore en train de changer» et qu’elle pourrait prendre un nouveau nom dès le premier trimestre 2024.
Un plan de refondation lancé il y a un an
Depuis un an, Orpea a lancé un grand plan de refondation incluant un plus large dialogue social en interne et une vaste campagne de recrutement. L’entreprise a annoncé l’embauche de 600 CDI par mois depuis septembre, assurant aussi que le taux de CDI a augmenté de 5 points à 85%.
Pointé du doigt à l’époque du scandale pour avoir fait obstacle aux acteurs sociaux, le groupe a massivement recruté et totalise 600 représentants du personnel contre 100 avant 2022.
Dans le même temps, 23 accords sociaux ont été signés, prévoyant notamment des augmentations de salaires, la mise en place d'un 13e mois sur trois ans et un «accord d'intéressement basé largement sur des éléments extrafinanciers (sécurité, taux de CDI...)».
Le taux moyen de fréquence d'accidents du travail a diminué de 10% à fin 2023 dans l'ensemble du groupe. Orpea a également annoncé que le groupe allait consacrer 10 millions d'euros à la formation continue.