Sur décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble, le meurtre en 1986 de Marie-Thérèse Bonfanti à Pontcharra (Isère) n’a pas été prescrit, alors que le délai dans ce dossier était de dix ans. Pour quelles raisons ?
Un «cold case» réactivé. L’avocat de la famille de Marie-Thérèse Bonfanti, tuée en mai 1986 à Pontcharra, en Isère, a annoncé ce mardi 24 janvier que la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a pris la décision de ne pas prescrire l’affaire. Le délai était pourtant de dix ans, d'après les caractéristiques du dossier, selon Me Bernard Boulloud.
Alors que l’interpellation en mai dernier d’Yves Chatain, un suspect ayant fait des aveux, a relancé l'enquête, «les magistrats ont estimé que le point de départ de la prescription devait courir à compter du jour où le suspect dans le dossier a avoué», a détaillé l’avocat à l’AFP.
Un ancien suspect arrêté à nouveau et passé aux aveux
En effet, au printemps 2022, cet homme de 56 ans a été arrêté et entendu par les enquêteurs. Il avait déjà été soupçonné en 1986, lorsque Marie-Thérèse Bonfanti (25 ans) avait disparu tandis qu’elle distribuait des journaux. Mais alors que l’individu avait été relâché à l'époque, l’enquête se concluant sur un non-lieu en 1987, il a cette fois fini par reconnaître avoir tué la jeune femme, coincé par les nombreuses contradictions qu’il relatait.
Il a ainsi décrit l’endroit où il avait enterré sa victime, et des fouilles organisées en forêt ont permis de retrouver le crâne de la défunte.
Une affaire de meurtres en série ?
Le suspect a été mis en examen pour «enlèvement, séquestration et meurtre» et écroué. Il y a un peu plus d’un mois, le 14 décembre, ses avocates avaient déposé un recours, demandant l'annulation de cette mise en examen au nom de la prescription. Désormais, avec la décision de la Justice, «le dossier est renvoyé chez le juge d'instruction», s'est félicité celui de la famille Bonfanti. «S'il n'y a pas appel, de pourvoi devant la cour de cassation, l'instruction va se poursuivre et il y aura procès», a décrit l’avocat de la famille.
Pour rappel, ce coin du département de l’Isère, tout proche de la Savoie, avait été marqué par une série de disparition de jeunes femmes dans les années 1980. En effet, celle de Marie-Thérèse Bonfanti avait été précédée, un an auparavant, par celle de Marie-Ange Billoud (19 ans). Elle devait se rendre de Pontcharra à Chambéry, en stop, et n'a jamais été retrouvée. Le dossier a cependant été rouvert en 2021.
Quelques années plus tôt était survenu le meurtre de Liliane Chevènement, habitant la localité. Elle avait été retrouvée en 1981, étranglée, quatre mois après sa disparition. Son corps se trouvait à quelques centaines de mètres du domicile d'Yves Chatain. L'affaire n'a jamais été élucidée.