La mairie de Migennes (Yonne) a annoncé ne plus pouvoir payer le chauffage du local des Restos du Cœur tant qu’elle devra faire des économies dans son budget.
C’est une décision qui ne passe pas. Le maire de Migennes (Yonne) a décidé de ne plus prendre en charge la facture d’électricité du local des Restos du Cœur de cette commune, à partir de janvier.
«Nous n'avons pas été consultés, c'est une décision arbitraire», a déclaré ce vendredi 30 décembre à l'AFP Alain Servion, le président des Restos du Cœur de l'Yonne. «Ce que nous paierons en électricité, c'est autant de repas qui ne seront pas distribués. Dans la commune, on aide environ 500 personnes», souligne-t-il, précisant que la facture en jeu s'élève à 1.800 euros par an.
À l'échelle du département, les Restos du Cœur comptent quinze centres et environ 320 bénévoles. «J'ai eu peur, mais pour les autres sites, cela s'est bien passé malgré la hausse des prix», indique-t-il.
Interrogé par l'AFP, le maire LR de Migennes, François Boucher, invoque une «augmentation des prix du gaz et de l'électricité de 300 à 400 %». «J'ai un million d'euros d'économies à trouver. C'était ça ou supprimer des postes de fonctionnaires ou augmenter les impôts», explique-t-il.
«Nous avons de notre côté diminué au maximum la consommation, l'éclairage. Certaines salles publiques resteront fermées cet hiver. Mais il me reste encore des économies à trouver», plaide le maire de Migennes. «Quand la situation redeviendra normale, on reprendra l'aide aux associations», assure-t-il.
Une des municipalités les plus sinistrées de la région
La commune d'environ 7.000 habitants (dans une agglomération qui en compte 15.000) est une des municipalités les plus sinistrées de la région. Une situation encore aggravée par la fermeture récente de l'unité du sous-traitant automobile allemand Benteler qui employait 400 personnes à Migennes.
Le nombre des bénéficiaires des Restos du Cœur, déjà de 1,1 million sur l'ensemble de la France, a bondi de 12 % depuis avril dernier. Et leurs difficultés se sont accrues, puisque 60 % de ces bénéficiaires (au lieu de 50 % un an plus tôt) vivent dans «l'extrême pauvreté», c'est-à-dire avec moins de la moitié du seuil de pauvreté, selon l'association fondée par Coluche.