Au lendemain du meurtre d’un agent du fisc lors d’un contrôle chez un brocanteur du village de Bullecourt (Pas-de-Calais), le procureur de la République d’Arras, Sylvain Barbier Sainte-Marie a évoqué «un acte prémédité» car le mis en cause «savait qu’il allait recevoir ces inspecteurs».
Un tournant majeur dans l'enquête. Le procureur de la République d’Arras, Sylvain Barbier Sainte-Marie, s'est exprimé ce mardi, au lendemain du meurtre d'un agent du fisc lors d’un contrôle chez un brocanteur installé dans la petite commune de Bullecourt (Pas-de-Calais).
Le magistrat a évoqué «un acte prémédité» car, a-t-il dit, le mis en cause «savait qu’il allait recevoir ces inspecteurs». L'enquête est désormais ouverte sur le chef d'«assassinat» et de «séquestration».
«Au plan pénal, l’enquête est ouverte sur chef d’assassinat, dans la mesure où les premiers éléments semblent se diriger vers un acte prémédité, et du chef de séquestration également», a annoncé le procureur face à la presse. «Le mis en cause savait qu'il allait recevoir ces inspecteurs. Sur le plan juridique, les éléments de préméditation sont la présence de colliers de serrage sur les sièges où étaient assis les deux victimes», a-t-il précisé.
CHRONOLOGIE DES FAITS
Le magistrat a également donné davantage d'éléments sur le contexte des faits. «Ce rendez-vous était pris dans le cadre d’un dernier examen de la situation fiscale de son entreprise, spécialisée dans la brocante. Le but était d’effectuer une vérification de la comptabilité de sa société, une démarche entreprise depuis mai 2022», a-t-il précisé. Le mis en cause savait donc qu’un contrôle était prévu chez lui ce lundi.
«Dans le cadre de ce contrôle, le mis en cause appelle son ex-compagne vers 16h et lui demande de venir. Depuis l’extérieur de la maison, celle-ci, voit, à son arrivée sur les lieux, l’inspectrice des finances ligotée sur une chaise. Elle ne rentre pas dans la maison mais appelle la gendarmerie à 18h08», a-t-il détaillé.
«Les gendarmes découvrent sur place l'inspectrice ligotée et extrêmement choquée. Elle est prise en charge par les secours. Ils découvrent ensuite le corps sans vie de son collègue, avec une plaie importante à l'abdomen. Lors de la fouille des dépendances, le corps du mis en cause est retrouvé avec un pistolet à ses côtés», conclut-il.
Les premières constatations du médecin légiste confirment que l'agent du fisc serait décédé «de plusieurs coups de couteau dans le dos et au thorax», et qu'il «présentait également une trace d'auto-défense». Désormais, les auditions se poursuivent afin de préciser les circonstances des faits, et des autopsies de la victime et du mis en cause seront pratiquées cette semaine.
PLUSIEURS COLLÈGUES TRÈS CHOQUÉS
Interrogés par l'AFP, plusieurs collègues de la victime sont sous le choc. «C'est de plus en plus tendu, ça peut partir au quart de tour», témoigne anonymement l'un des agents qui avait côtoyé la victime et qui fait de la vérification fiscale depuis plus de dix ans.
«Est-ce que c'est lié au Covid, à la suite des confinements, à la conjoncture économique ? C'est difficile à dire», s'interroge-t-elle. «On n'est pas forcément formés pour ce genre de chose, on a juste eu un stage d'une journée sur la gestion des conflits il y a quelques années», a-t-elle ajouté.
«C'est extrêmement choquant de se faire assassiner dans l'exercice de son métier, de mémoire ce n'est pas la première fois qu'il se passe quelque chose de terrible comme ça dans notre administration. C'est un sacré événement, ça nous choque, ce sont des collègues. Il faisait simplement son travail, c'est incroyable qu'au XXIe siècle on puisse avoir des comportements comme ça», conclut-elle.
De son côté, le ministre des comptes publics, Gabriel Attal a adressé «une pensée pour la famille de la victime», ainsi que «pour l'ensemble des 100.000 agents de la Direction générale des finances publiques (DGFiP) qui se sont levés ce matin en ayant perdu l'un des leurs». Il a par ailleurs annoncé qu'un hommage serait rendu ce mercredi à 12h dans tous les centres des impôts du pays.