Assurant être «mobilisé» depuis de nombreux mois «pour trouver des solutions aux nuisances subies par les riverains» des dark stores installés dans Paris, le maire du 17e Geoffroy Boulard réclame la création d'un «permis d'installation», déclinée à l'échelle nationale. Sorte d'autorisation d'urbanisme qui serait donnée par la Mairie de Paris, avec l'avis des maires d'arrondissement.
Le maire LR du 17e arrondissement Geoffroy Boulard a écrit aux ministres de la Ville Olivier Klein et du Commerce Olivia Grégoire pour qu'un «permis d'installation» soit intégré au futur décret, promis par le gouvernement lors de la réunion du 6 septembre dernier durant laquelle les deux ministres avaient assuré que les dark stores resteraient bien qualifiés d'«entrepôts». Le but ? «Donner les moyens aux maires d'agir contre l'implantation anarchique de ces entrepôts» et «lutter contre les nuisances qu'ils génèrent».
Quel est ce permis que vous appelez de vos vœux ?
Inscrire les dark stores en tant qu'entrepôts dans les PLU [plans locaux d'urbanisme, nldr] est une mesure nécessaire dans le cadre de leur implantation, mais n'est pas une mesure suffisante, car cela n'empêche pas les enseignes de s'implanter où elles veulent. Il faut donc renforcer le dispositif.
D'ailleurs, l'ordonnance du tribunal administratif de Paris venue suspendre la décision de fermer certains dark stores vient confirmer ce que je disais : d'une part que la seule réglementation du PLU est inefficace, notamment en cela qu'elle n'empêche pas l'installation de dark stores dans des zones inadaptées et d'autre part que les dark stores ont un intérêt collectif et qu'il convient de ne pas les interdire purement et simplement.
C'est pourquoi je propose de créer une nouvelle autorisation d’urbanisme qui permettrait de contrôler en amont et non a posteriori l'installation de nouveaux dark stores. Un permis d'installation qui reposerait sur deux piliers : la mise en place dans le PLU de zones où seraient autorisées ou non l'ouverture de nouveaux dark stores et l'obligation pour les enseignes de faire une demande préalable auprès de la Mairie de Paris, avec l'avis du maire d’arrondissement concerné.
Comme on le fait déjà sur d'autres autorisations d'urbanisme, comme lorsqu'une pièce dans un logement doit être utilisée dans le cadre d'une profession libérale. En tant que maires, nous avons l'habitude de donner notre avis dans le cadre des changements d'usage.
Pourquoi pensez-vous que cela est nécessaire ?
Faire croire que l'on peut faire une ville sans dark stores est une utopie. Aujourd'hui, la position de la majorité et du premier adjoint de dire que le commerce parisien est menacé par les dark stores est faux. Ou dans ce cas-là, tout le modèle des livraisons à domicile est à remettre en cause.
Par contre, dire que quand on a un permis, on peut s'installer : c'est ce qui manque. Je l'avais proposé aux ministres lors de la réunion du 6 septembre, afin que cela soit mis en place à l'échelle nationale pour tous les maires de France.
Ainsi, avec le PLU qui définit tous les secteurs où il est possible d'installer des dark stores ou pas, et en obligeant les enseignes à faire une demande préalable à cette installation, on encadre complètement ce modèle.
Comment cela se concrétiserait-il ?
Ce serait un protocole très simple, avec une demande envoyée aux services municipaux. A eux ensuite de donner ou non l'autorisation au regard de deux choses : la zone définie par le PLU et l'avis positif de la mairie d'arrondissement. C'est simple et efficace. Il faut donner la liberté aux maires d'installer les dark stores là où ils le souhaitent, parce que c'est une réalité qu'il y a des endroits plus adaptés que d'autres. L'enjeu est de donner le vrai pouvoir aux maires.
Contrairement à la mairie de Paris, je ne suis pas contre le modèle économique des dark stores. Il y a Internet, il existe de nouvelles formes de consommation mais qui sont ultra minoritaires en termes de chiffres d'affaires par rapport à ce que dégage l'économie parisienne dans son ensemble. On agite les dark stores comme bouc émissaire d'une baisse de l'activité commerciale, mais c'est malhonnête. Les contrôles ont montré que les dark stores étaient des entreprises vertueuses, avec des véhicules propres et du personnel déclaré à l'Urssaf.
Mais c'est une réalité que leur implantation dans certains quartiers se passent très mal, parce qu'ils n'ont rien à y faire. Il faut donc les outils pour les empêcher de s'y installer. Mais il y a aussi des quartiers adaptés à leur mode de livraison où leur présence ne pose aucun problème, à proximité de bureaux, dans d'anciens supermarchés, dès lors qu'ils adoptent un comportement respectueux du voisinage.