Les juges d'instruction antiterroristes chargés de l'enquête sur l'assassinat de Samuel Paty en octobre 2020 dans les Yvelines ont clôturé jeudi 6 octobre leurs investigations.
Près de deux ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, survenu le 16 octobre 2020, les juges d’instruction antiterroristes auraient clôturé ce jeudi leurs investigations, selon une source judiciaire.
Le 16 octobre 2020, le professeur d'histoire-géographie, 47 ans, avait été poignardé puis décapité près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par Abdoullakh Anzorov, réfugié russe d'origine tchétchène, tué peu après par la police.
L'homme de 18 ans, radicalisé, lui reprochait d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. Dans un message audio en russe, il avait revendiqué son geste en se félicitant d'avoir «vengé le prophète».
Il avait pris connaissance de la polémique visant le professeur quelques jours plus tôt via les réseaux sociaux, où avaient été diffusées des vidéos de Brahim Chnina, le père d'une collégienne visée par une exclusion pour indiscipline et qui prétendait avoir assisté au cours, et du militant islamiste Abdelhakim Sefrioui
Quatorze personnes sont mises en examen dans ce dossier, dont plusieurs adolescents, le père de l'adolescente et Abdelhakim Sefrioui.
Une quinzième personne, une adolescente mineure, avait également été mise en examen mais son dossier a été disjoint, selon la source judiciaire.
Une plainte déposée contre l’Etat
La mosquée de Pantin, mise en cause pour avoir relayé la vidéo de Brahim Chnina sur sa page Facebook, avait été fermée près de six mois par les autorités, avant de rouvrir après le départ de l'ancien recteur M'hammed Henniche.
Le parquet national antiterroriste (Pnat) doit désormais rendre dans les prochains mois son réquisitoire définitif, c'est-à-dire déclarer qui il souhaite voir jugé ou pas, devant quelle juridiction et pour quels chefs. Les juges d'instruction pourront ensuite suivre ou non ses réquisitions.
Une autre enquête a été ouverte en avril par le parquet de Paris pour non-assistance à personne en péril et non empêchement de crime, après une plainte de proches de Samuel Paty.
Leur avocate avait estimé que «des fautes ont été commises tant du côté de l'Education nationale que du côté du ministère de l'Intérieur, sans lesquelles Samuel Paty aurait pu être sauvé».
L'un des enjeux de cette enquête consiste à établir si ces agents pouvaient avoir conscience de l'existence d'une menace réelle, ciblée et immédiate visant le professeur.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait dit «comprendre» la plainte des proches de l'enseignant, mais estimé que «l'Etat n'aura pas à rougir» de son action dans cette affaire.