Nicolas Sarkozy est revenu, mercredi 5 octobre, sur la volonté d’Emmanuel Macron d’employer le 49.3 de la Constitution, permettant d’adopter un texte sans vote, sauf motion de censure. Pour l’ex-chef de l’État, le recours à cet article n’est autre qu’«une preuve de faiblesse».
L'ancien président est sorti de son silence. Nicolas Sarkozy a assuré ce mercredi qu'employer l'article 49.3 aurait été pour lui «une preuve de faiblesse», susceptible au moment de la réforme des retraites de 2010 de faire courir le risque de «violences».
«J'ai été président de la république cinq ans, je n’ai jamais utilisé le 49.3» de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote sauf motion de censure. «Pourquoi ? Parce que pour moi, le 49.3 c'est une preuve de faiblesse», a affirmé l'ancien chef de l'Etat (2007-2012) lors d'un colloque à l'Institut de France.
«Je l’ai refusé pas au nom de considérations institutionnelles, mais politiques» car «la démocratie sans politique, c'est la démocratie des technos», a-t-il relevé.
Rappelant qu'il avait insisté en 2010 pour avoir un débat parlementaire sur cette réforme contestée des retraites, il a estimé que «ça a beaucoup compté. Nous avons eu quatre manifestations avec trois millions de personnes dans la rue, il n’y a pas eu une violence. Si j’avais utilisé le 49.3 et contraint l’Assemblée à voter, je pense que je prenais un risque de violences», a-t-il affirmé.
«Le débat au Parlement, c’est un peu comme la vapeur dans la cocotte-minute. Si vous laissez sortir un peu de vapeur c'est mieux pour ne pas risquer l’explosion», a-t-il ajouté.
Quant au recours éventuel à cet article 49.3 par Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy a relevé que «la possibilité constitutionnelle est là». Mais le chef de l'État peut «aussi se dire qu’il n'y a pas que lui qui est dans une situation compliquée».
«Il y a tous ceux qui ont soutenu ma réforme, quand on est passés de 60 à 62 ans, et (qui) devront expliquer pourquoi ils ne soutiennent pas, au fond, la même réforme, qui consiste à passer de 62 a 65», a affirmé l'ancien président de LR, en allusion aux critiques actuelles des Républicains.
Lors de ce colloque titré «Faut-il réformer nos institutions politiques ?», l’ancien chef de l’État a estimé que «ne pas vouloir toucher aux institutions, c’est du fétichisme, de la nostalgie, mais c'est ridicule».
Intervenant ensuite, l'ancien président socialiste François Hollande (2012-2017) a quant à lui déclaré que «nos institutions peuvent évoluer».
Il faut, selon lui, «faire un pas de plus sur la disjonction des dates d'élection et de durées de mandat».
L'ancien président François Hollande a notamment repris son idée d'un mandat présidentiel de six ans et quatre pour les députés, afin d'«avoir des temps de respiration politique avec des législatives qui viennent interrompre le cours du mandat».