Un missile balistique de moyenne portée lancé par la Corée du Nord a survolé le Japon mardi. Il s'agit d'une première depuis 2017. En réponse, des avions de combat sud-coréens et américains ont mené mardi des exercices de frappe de précision.
L'armée sud-coréenne a déclaré mardi avoir détecté le tir d'un missile balistique de moyenne portée. Ce dernier a volé sur une distance d'environ 4.500 km à une altitude de 970 km, et une vitesse proche de Mach 17, survolant le Japon en direction de l'est. Mardi matin, des avions de combat sud-coréens et américains ont mené des exercices de frappe de précision.
«Avec la participation de quatre F-15K de l'armée de l'air sud-coréenne et quatre chasseurs F-16 des forces aériennes américaines, les F-15K de la Corée du Sud ont largué deux bombes (...) sur une cible virtuelle dans le champ de tir de Jikdo en mer de l'Ouest», a déclaré l'état-major interarmées sud-coréen, faisant référence à la mer Jaune.
Le dernier tir de missile de Pyongyang au-dessus du pays remontait à 2017, au plus fort de la période de «feu et de fureur». A l'époque, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le président américain Donald Trump s'échangeaient des insultes.
[Emergency alert]
A projectile that appears to be a North Korean ballistic missile has likely flown over Japan.— PM's Office of Japan (@JPN_PMO) October 3, 2022
Le tir détecté mardi a conduit Tokyo à activer son système d'alerte et à demander à la population de se mettre à l'abri. Dénonçant un «acte de violence», les autorités japonaises ont fait savoir qu'il pourrait s'agir d'un missile Hwasong-12, lancé par Pyongyang «à quatre reprises» par le passé. Si tel est le cas, ce tir marquerait un nouveau record de distance, Tokyo l'estimant à environ 4.500 km.
Qualifiant ce tir de «provocation», la Corée du Sud a estimé qu'il violait «clairement les principes universels et les normes des Nations unies». L'état-major interarmées sud-coréen a indiqué dans un communiqué que «les détails exacts font l'objet d'une analyse approfondie en coopération avec les Etats-Unis et la communauté internationale». Yoon Suk-yeol, le président sud-coréen, a promis une «réponse ferme» et la prise «de mesures appropriées».
Le commandement américain de la région Asie-Pacifique a également condamné ce tir de missile, appelant «la RPDC (République populaire démocratique de Corée, soit la Corée du Nord, ndlr) à s'abstenir de tout nouvel acte illégal et déstabilisateur».
Les pourparlers avec Pyongyang sont actuellement au point mort et la Corée du Nord, dotée de l'arme nucléaire, a intensifié cette année ses projets de modernisation de ses armements. Le pays a notamment procédé à un nombre record de tests d'armes.
Pyongyang a revu sa législation pour rendre «irréversible» son statut de puissance nucléaire et a lancé, pour la première fois depuis 2017, un missile balistique intercontinental (ICBM). Rien que la semaine dernière, la Corée du Nord a tiré quatre missiles balistiques de courte portée.
Des tirs qui sont intervenus alors que Séoul, Tokyo et Washington ont mené le 30 septembre des exercices trilatéraux anti-sous-marins pour la première fois en cinq ans, quelques jours après que les forces navales américaines et sud-coréennes eurent conduit des manoeuvres à grande échelle au large de la péninsule.
Ce n'était sans doute pas une coïncidence puisque, généralement, la Corée du Nord cherche à maximiser l'impact géopolitique de ses essais en choisissant le moment qui lui semble le plus opportun.
La crainte d'un nouvel essai nucléaire
Pour Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul, «Pyongyang est toujours au milieu d'un cycle de provocations et de tests». Il estime toutefois que ce tir au-dessus du Japon «pourrait représenter une escalade significative par rapport à ses récentes provocations».
En développant des armes «telles que des ogives nucléaires tactiques et des missiles balistiques lancés par sous-marin», la Corée du Nord veut selon l'expert dépasser la Corée du Sud «dans une course aux armements», mais aussi «semer la discorde entre les alliés des Etats-Unis».
Depuis des mois, les responsables sud-coréens et américains craignent que Kim Jong-un se prépare à effectuer un nouvel essai nucléaire. Pyongyang a testé des bombes atomiques à six reprises depuis 2006. L'essai survenu en 2017 a été le dernier mais aussi celui affichant la puissance la plus importante, estimée à 250 kilotonnes.
Les hauts responsables du commandement américain pour l'Asie-Pacifique redoutent un nouvel essai après le prochain congrès du Parti communiste chinois, qui s'ouvrira le 16 octobre. Une perspective inquiétante sachant que, contrairement à d'autres puissances nucléaires, la Corée du Nord ne considère pas l'arme nucléaire comme un outil de dissuasion destiné à ne jamais être utilisé.