Une étude du ministère du Travail transmise au Parlement ce lundi 3 octobre a permis de relever qu’entre 25 % et 42 % des salariés éligibles n’ont pas recouru à l’assurance chômage, soit entre 390.000 et 690.000 personnes, sur la période allant de novembre 2018 à octobre 2019.
Le taux de non-recours à l’assurance chômage est proche de celui des autres prestations, comme le Revenu de solidarité active (RSA) ou les retraites. Selon une étude du ministère du Travail couvrant la période de novembre 2018 à octobre 2019 et transmise au Parlement ce lundi, entre 25 % et 42 % des salariés éligibles n’ont pas recouru à l’assurance chômage.
Au total, ce sont entre 390.000 et 690.000 personnes qui n’ont pas fait les démarches pour bénéficier de cette allocation dont ils avaient droit. Les auteurs de l’étude, relayée par Les Echos, ont démontré que le taux de non-recours à cette aide était proche de celui observé pour les autres prestations comme le RSA (34%) et les retraites (32%).
Deux explications principales ressortent
Pour comprendre ce non-recours à l’assurance chômage, l’étude a mis en avant deux explications : la première liée à «un défaut d’information» avec un doute sur l’éligibilité et la seconde à une crainte de la stigmatisation, accompagnée d’une peur d’avoir des difficultés à faire les démarches administratives pour y avoir accès.
Par conséquent, trois tendances principales ont émergé à la lecture de l’étude. La première étant que les salariés en contrat temporaire (intérim et CDD) ont eu «significativement moins» recours à l’assurance chômage que les travailleurs en CDI. La seconde étant que ceux n’ayant pas recours à l’aide ont travaillé moins longtemps que les bénéficiaires, augmentant leur crainte de ne pas être éligible et d’avoir des droits plus faibles. La dernière étant que les personnes n’ayant pas bénéficié du dispositif ont retrouvé du travail plus vite que ceux en ayant profité (près d’un quart d’entre eux ont retrouvé du travail dans le mois).
Des difficultés pour quantifier le phénomène
Les auteurs de l’étude ont révélé avoir eu des difficultés pour quantifier le phénomène. En effet, les données administratives n’ont pas permis «d'observer la condition de recherche effective d'emploi». De plus, «environ un tiers des personnes ayant une fin de contrat» étaient déjà couvertes par l'assurance chômage grâce à leurs contrats précédents.
Prévu par la loi sur la «liberté de choisir son avenir professionnel» de 2018, ce rapport a été réalisé par la Direction des statistiques du ministère du Travail (Dares) avec des économistes. A l’origine, il prévoyait une remise au Parlement dans un délai maximal de deux ans et non ce lundi dans le cadre de l’ouverture des débats sur le projet de loi sur l’assurance chômage à l’Assemblée nationale.
Des élus de l’opposition, comme le député LFI François Ruffin, exigeaient sa publication depuis de nombreux mois, allant même jusqu’à accusé le gouvernement de «censurer» ce document pour éviter une sortie avant l’élection présidentielle 2022.