Les pompiers font leur rentrée ce mercredi 21 septembre, lors d'un Congrès national à Nancy. L'occasion pour eux de faire entendre leur manque de moyens matériels et humains.
Quelque 60.000 visiteurs, 4.000 congressistes et plus de 400 exposants sont attendus à partir d'aujourd'hui et jusqu'à samedi à Nancy (Meurthe-et-Moselle), pour le Congrès national des sapeurs-pompiers de France. Marqués par un été éprouvant, les soldats du feu ont l'intention de profiter de cette occasion pour réclamer davantage de moyens et des embauches.
Leur principal souci est de veiller à ce que leur mobilisation massive sur le front des feux de forêt ces derniers mois ne soit pas oubliée. Jusqu'à 10.000 sapeurs-pompiers par jour ont oeuvré cet été pour contenir les incendies qui ont ravagé 62.000 hectares en Gironde, dans le Jura, mais aussi dans le Finistère et le Maine-et-Loire.
#LundiMotivation
C’est parti !
La grande installation a débuté pour le 128ème congrès national des @PompiersFR
Une véritable fourmilière se met en place sur le parc des expositions.
On vous donne rendez-vous dès mercredi pour le grand lancement du #Cnspf2022 pic.twitter.com/cwQ8ir1A1H— 128è congrès national #Pompiers. Nancy 2022 (@cnspf2022) September 19, 2022
Selon Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), ce risque d'incendie désormais généralisé vient s'ajouter à un quotidien déjà chargé. Voilà pourquoi «il faut plus de moyens financiers, construire davantage de casernes et recruter massivement des sapeurs-pompiers volontaires», énumère-t-il.
Le congrès qui s'ouvre aujourd'hui sera d'ailleurs l'occasion de lancer la campagne nationale sur le volontariat. Selon un décompte des Sdis, au 31 décembre 2020 on dénombrait en France 251.900 sapeurs-pompiers, dont 197.100 volontaires (78%), 41.800 professionnels (17%) et 13.000 militaires (5%).
Pour étoffer ses rangs, la FNSPF demande le recrutement «dès que possible» des presque 1.000 lauréats des concours de pompiers professionnels qui n'ont pas encore été embauchés et de 50.000 volontaires supplémentaires «d'ici à 2027».
Olivier Richefou, président de la Conférence nationale des services d'incendie et de secours (CNSIS), estime que ce congrès doit amorcer et «nourrir la réflexion collective sur l'avenir de notre modèle de sécurité civile». Ce, peu avant que l'ensemble des acteurs des départements concernés par les feux de l'été rencontrent Emmanuel Macron en octobre, pour aborder le sujet.
Une flotte «mise à mal»
En août, lors d'une visite en Gironde, le président de la République avait déjà estimé que la France devrait se doter de «davantage» d'avions de lutte contre les incendies et avait appelé à «redéployer une stratégie industrielle» pour construire ces appareils.
Dans ce contexte, la FNSPF espère obtenir les moyens de financer l'achat de nouveaux camions citernes et voir augmenter les capacités aériennes de la sécurité civile. A l'heure actuelle, cette dernière dispose de 19 bombardiers d'eau et Grégory Allione déplore que la flotte soit «mise à mal et en rupture de contrat opérationnel».
«Une flotte qui a été dimensionnée pour répondre au printemps dans les Landes de Gascogne, l’été dans l’arc méditerranéen, n’est pas dimensionnée pour l’ensemble du territoire», affirme-t-il. Le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France veut ainsi «doubler la flotte de Dash (avion bombardier d'eau) de 7 à 14 appareils, tout comme les Canadair, de 12 à 24».
S'élevant à 5 milliards d'euros, le budget de la Sécurité civile est aujourd'hui en grande partie financé par les départements. Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2023, la FNSPF, la CNSIS et l'Association nationales des directeurs de Sdis (ANDSIS) réclament que la part de la taxe sur les assurances qui finance les Sdis soit doublée.
Après avoir lancé fin août une mission de terrain dans les zones sinistrées pour faire remonter les besoins des pompiers, l'Assemblée des départements avait déjà soulevé la question du financement. Pour François Sauvadet, président de cette institution, il est évident que la mobilisation de moyens nouveaux pour faire face au changement climatique ne pourra pas reposer sur les seules épaules des départements. Au début du mois, il avait déjà prévenu : «On a besoin du soutien de l'Etat».