Emmanuel Macron donne ce jeudi 8 septembre à Marcoussis (Essonne) le coup d'envoi du Conseil national de la refondation (CNR), un projet politique aux contours encore flous qui suscite le rejet de l'opposition.
Le CNR, un symbole de la «nouvelle méthode» d'Emmanuel Macron
Annoncé par Emmanuel Macron début juin dans la presse régionale, le Conseil national de la Refondation incarne la «nouvelle méthode» voulue par le chef de l'Etat après sa réélection. «Nous sommes dans une ère historique qui impose de changer profondément de modèle (...) Les Français sont fatigués des réformes qui viennent d’en haut», avait-il déclaré.
Clin d'œil au Conseil national de la Résistance de Jean Moulin, le CNR doit ainsi réunir les différentes forces politiques, économiques, syndicales et associatives du pays, mais aussi des experts et des citoyens tirés au sort.
Ce nouveau dispositif est censé répondre aux objectifs du second quinquennat d'Emmanuel Macron : «l'indépendance (industrielle, militaire, alimentaire…), le plein emploi, la neutralité carbone, les services publics pour l'égalité des chances et la renaissance démocratique avec la réforme institutionnelle».
une séance inaugurale de «cadrage»
Ce jeudi, vers 9h30, Emmanuel Macron prendra la parole pour ouvrir officiellement les travaux du CNR. L'Elysée annonce ensuite un échange «très libre» avec les participants pour «comprendre les attentes des uns et des autres» et «lever les appréhensions».
Trois intervenants feront un exposé des défis auxquels la France est confrontée. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, fera état de la situation économique du pays et de l'Europe, le Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, évoquera la question des finances publiques et la présidente du Haut conseil pour le climat, Corinne Le Quéré, présentera les enjeux du défi climatique.
L'après-midi sera consacré aux cinq grandes thématiques choisies par l'Elysée pour structurer les débats : «le plein emploi et la réindustrialisation, l’école, la santé, le bien-vieillir et la transition écologique». A noter que la réforme institutionnelle, citée par Emmanuel Macron début juin, ne figure plus au programme.
Sur tous ces sujets, l'Elysée promet un dialogue «interactif», «franc» et «sans filtre». Des discussions qui serviront de «cadrage» pour les prochaines séances du CNR.
des déclinaisons thématiques et territoriales
Les différents chantiers lancés ce jeudi vont débuter «avant même la fin du mois de septembre», promet l'Elysée, sans en préciser exactement la forme.
Des déclinaisons territoriales, à l'échelle de «bassins de vie», sont prévues et permettront aux citoyens de participer.
Le «bon déroulement de chacun des chantiers» sera «assuré par le Haut-commissaire au Plan», François Bayrou, qui est aussi le secrétaire général du CNR.
Les propositions qui seront faites pourront ensuite «déboucher sur des référendum», a annoncé ce jeudi Emmanuel Macron en ouvrant le CNR.
une grande consultation en ligne
Le président Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi le lancement «dès la semaine prochaine» d'une «consultation nationale très large» en ligne et sur le terrain pour remettre les Français «au sein des grands choix de la nation».
Cette grande consultation «viendra compléter la réunion d'aujourd'hui» et les déclinaisons territoriales du CNR, a précisé le chef de l'Etat.
Un site dédié au CNR doit aussi être lancé dans la soirée, selon l'Elysée.
des prérogatives qui inquiètent
Les prérogatives de l'instance restent encore floues, ce qui inquiète les parlementaires qui craignent de se voir déposséder de leur travail.
Le CNR «interviendra en amont du travail législatif, et en aval dans la mise en œuvre», avait tenté d'expliquer Elisabeth Borne le 31 août.
«Le Parlement restera le Parlement», a assuré de son côté l'Elysée, qui précise que le CNR «n'est pas une nouvelle institution mais une nouvelle méthode». Des propos qui n'ont pas réussi à convaincre de nombreux acteurs.
Des boycotts en série
Du Rassemblement national à La France insoumise en passant par Les Républicains, les socialistes, les écologistes et les communistes, aucun parti d'opposition ne participera au rendez-vous inaugural du CNR. «Outil de communication», «escroquerie», «un bidule de plus», «du grand blabla» : les critiques fusent à gauche comme à droite.
La majorité présidentielle sera elle au complet (LREM, Modem, Horizons) mais l'absence d'Edouard Philippe, retenu au Québec pour le congrès des villes classées au patrimoine mondial de l'Unesco, fait tache.
Du côté des syndicats, seuls la CFDT, la CFTC, Unsa et le Medef seront présents. La CFE-CGC, le CGT ou encore FO vont boycotter l'événement.
D'abord réticentes, les principales associations d'élus feront bien le déplacement à Marcoussis ce jeudi : l'Association des maires de France, l'Assemblée des départements de France, l'Association des régions de France, l'Association des intercommunalités de France, l'Association des maires ruraux de France, l'Association des petites villes de France, et enfin France Urbaine qui regroupe les grandes métropoles.