Les deux textes sur le pouvoir d’achat, présentés par le gouvernement, arrivent aujourd’hui dans l’Hémicycle. Le projet de loi passe en première lecture jusqu’à jeudi.
Un nouveau bras de fer pour le gouvernement. Le paquet de mesures de l’exécutif en faveur du pouvoir d'achat arrive aujourd’hui devant l'Assemblée nationale, où les oppositions vont rivaliser de propositions face à l'inflation qui accélère.
Le projet de loi de 20 articles «portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat» passe en première lecture jusqu'à jeudi, avec plus d'un millier d'amendements à la clé. Les députés enchaîneront avec l'examen du projet de budget rectificatif pour 2022 qui doit permettre de financer et compléter ces mesures.
Parmi les principales figurent les revalorisations anticipées de 4% des pensions de retraite et des prestations sociales, l'augmentation de 3,5% du traitement des agents publics, un chèque alimentaire sous conditions de ressource de 100 euros, auquel s'ajouteront 50 euros par enfant.
Prime Macron triplée, redevance audiovisuelle supprimée...
On y trouve également la prolongation de la remise carburant de 18 centimes et du bouclier tarifaire sur l'énergie, la suppression de la redevance audiovisuelle ou encore le triplement de la prime Macron (défiscalisée et désocialisée).
L'adoption définitive, à l'issue d'une navette avec le Sénat, est programmée au 7 août, si le plan du gouvernement se déroule comme prévu.
Car faute de majorité absolue, la partie s'annonce ardue pour les macronistes s'ils veulent conserver les «équilibres» financiers.
Durant la semaine écoulée, le gouvernement a subi un premier revers sur le projet de loi sanitaire, adopté amputé d'un article clé sur le possible retour d'un pass sanitaire anti-Covid pour les entrées dans l'Hexagone.
Emmanuel Macron, un «attelage baroque»
Les députés LR, LFI et RN se sont coalisés contre ce pass, dans ce que la majorité a dénoncé comme une «alliance rouge brun», Emmanuel Macron un «attelage baroque» lors d'un «coup de chaud nocturne».
L'heure est à la mobilisation côté majorité sur ce texte «le plus attendu des Français» et fort enjeu des campagnes présidentielle et législatives. «Quand sonne la bataille (pour le vote des lois, ndlr), pas un ne doit manquer», a averti il y a quelques jours Emmanuel Macron.
Face à la forte inflation (5,8% sur un an en juin), les députés LR poussent notamment pour une «baisse du prix du carburant à 1,5 euro par litre», les RN pour une baisse de la TVA sur les prix de l'énergie. L'alliance de gauche Nupes va décliner en amendements son propre texte «d'urgence sociale», avec hausse du Smic à 1.500 euros ou taxation des «superprofits» des grands groupes.
Pas de «démagogie» mais du «sérieux budgétaire», a répondu le chef de l'Etat dans son interview du 14 juillet, voulant croire «à l'esprit de responsabilité des forces politiques à l'Assemblée».
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire fustige aussi la «folie financière» des oppositions avec leurs 100 milliards d'euros de propositions, alors que la salve d'aides discutée cette semaine est chiffrée à une vingtaine de milliards et que les gardiens des finances publiques comme la Cour des comptes tiquent déjà.
Il a cependant tendu la main aux LR en se disant ouvert à une défiscalisation des heures supplémentaires plus poussée - comme voté en commission - et à élargir l'indemnisation de ceux qui utilisent leur véhicule pour aller travailler.
«Le texte pouvoir d'achat va passer, mais ça va coûter 20 milliards de plus» en lâchant du lest aux oppositions, pronostique une source LREM, qui se demande comment elles pourraient voter contre.
De fait, le groupe RN mené par Marine Le Pen a déjà prévu de soutenir ce texte «urgent», certains Nupes considèrent que «c'est mieux que rien» et la droite promet d'être «exigeante» sur le financement.
Espoir pour la nouvelle «méthode» et la recherche de compromis : un consensus se dessine sur la déconjugalisation de l'allocation aux adultes handicapés (AAH), c'est-à-dire sans tenir compte des revenus du conjoint.