François Bayrou, président du MoDem et allié d'Emmanuel Macron, a pris ses distances dimanche 26 juin avec la proposition LREM, soutenue par Élisabeth Borne, d'inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution, en se demandant si c'était bien «utile en ce moment».
Après la décision de la Cour suprême des Etats-Unis de révoquer ce droit, la nouvelle cheffe de file des députés LREM Aurore Bergé a annoncé samedi une proposition de révision constitutionnelle pour inscrire «le respect de l'IVG» dans notre Loi fondamentale.
La Première ministre, suivie par plusieurs membres du gouvernement, a aussitôt soutenu «avec force» la proposition. Mais «est-ce que c'est utile au pays, en ce moment, d'aller organiser un référendum sur cette question», s'est interrogé François Bayrou invité sur BFMTV.
Une révision constitutionnelle nécessite l'adoption du même texte par Assemblée et Sénat, puis elle doit être approuvée par référendum. Autre option : si la révision a été initiée par l'exécutif, ou reprise par lui, le texte doit aussi être validé par les deux chambres mais peut être soumis au Parlement réuni en Congrès, qui doit le voter à une majorité des 3/5e des suffrages exprimés.
«Est-ce qu'il est bon, est-ce qu'il est utile de faire ça, alors même que, à ma connaissance, aucun courant politique ne remet en cause la loi Veil» de 1975 qui a autorisé l'avortement en France, a insisté François Bayrou.
«C'est quand même surprenant que ce soit ce qui se passe aux Etats-Unis (...) qui entraîne un certain nombre de réactions effervescentes dans la vie politique française», a poursuivi le dirigeant centriste, qui n'est «pas pour qu'on décalque la vie politique américaine».
Un «signal dangereux»
La très conservatrice Cour suprême a enterré vendredi un arrêt qui, depuis près d'un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter mais n'avait jamais été accepté par la droite religieuse.
Dans la foulée, plusieurs Etats américains ont déjà annoncé prendre des mesures pour interdire les interruptions volontaires de grossesse sur leur territoire.
La décision a été largement condamnée en France, de gauche à droite. Emmanuel Macron a regretté la «remise en cause» des libertés des femmes. Et les associations de défense du droit à l'IVG se sont inquiétées d'un «signal dangereux».
Aurore Bergé a pointé chez les nouveaux députés RN «des opposants farouches à l'accès des femmes à l'IVG». Leur présidente Marine Le Pen a affirmé samedi sur Twitter que «le RN n'a jamais attenté au droit des femmes à recourir à l'IVG».