La Première ministre Elisabeth Borne a conduit la majorité présidentielle à la victoire lors des élections législatives. Mais avec la perte de la majorité absolue à l'Assemblée, ce succès à un goût de défaite et pourrait lui coûter sa place à Matignon.
Elisabeth Borne avait un objectif lors de ces élections législatives : l'emporter dans sa 6e circonscription du Calvados pour rester Première ministre. Mais l'équation n'est finalement pas aussi simple.
Malgré sa victoire, avec 52,3 % des suffrages, la locataire de Matignon pourrait bien être poussée vers la sortie par Emmanuel Macron. A l'issue du scrutin, le président se retrouve en effet affaibli à l'Assemblée nationale, où il ne dispose plus de la majorité absolue (seulement 245 sièges, contre 350 il y a cinq ans, et loin des 289 nécessaires). Et ce revers pourrait l'inviter à engager un remaniement plus large que le simple remplacement des trois membres du gouvernement battus : Amélie de Montchalin (Transition écologique), Brigitte Bourguignon (Santé) et Justine Benin (Mer).
C'est en tout cas ce que demandent les représentant de l'opposition. Elisabeth Borne «est en très grande difficulté pour rester», a ainsi déclaré ce lundi sur franceinfo la députée LFI Clémentine Autain, alors que plusieurs représentants Insoumis ont promis de déposer «une motion de censure» contre elle.
Le vice-président du RN et maire de Perpignan, Louis Aliot, a lui estimé sur France Inter que la Première ministre «ne pouvait pas rester», parce qu'«elle est trop affaiblie».
«Emmanuel Macron doit tenir compte du résultat de ces élections, il doit changer de ligne politique, changer de Premier ministre et de gouvernement», a de son côté estimé Valérie Pécresse, candidate malheureuse des Républicains à la présidentielle.
Draguer la droite ?
Et avec la situation à l'Assemblée nationale, où Emmanuel Macron pourrait avoir besoin des députés LR pour gouverner, le président pourrait être tenté de faire un geste envers la droite. Avec un troisième Premier ministre issu de LR, après Edouard Philippe et Jean Castex ? S'il tel était son choix, il n'aurait même pas à chercher au-delà de ses proches, Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin répondant parfaitement à ce profil.
En attendant, ce lundi, le président, qui ne s'est pas encore exprimé après les résultats des législatives, a reçu à déjeuner à l'Elysée Elisabeth Borne et les ténors d'Ensemble, Edouard Philippe et François Bayrou. De quoi l'aider à prendre sa décision ?
Quoi qu'il arrive, avec ses obligations internationales (il est attendu jeudi et vendredi à Bruxelles pour un Conseil européen, puis la semaine prochaine en Allemagne en vue d'une réunion du G7, et à Madrid pour un sommet de l'Otan) Emmanuel Macron risque de trancher très rapidement.