Le Service central du renseignement territorial (SCRT) a publié le 8 juin dernier une note confidentielle faisant état de 144 entorses à la loi de 2004 sur la laïcité au deuxième trimestre 2022 dans les établissements scolaires, contre 97 faits similaires recensés le trimestre précédent.
Une recrudescence des incidents scolaires en lien avec les tenues religieuses. C’est le constat qui a été dressé par la SCRT, le successeur des renseignements généraux en charge du suivi des communautarismes, dans une note confidentielle de 12 pages en date du 8 juin dernier révélée par RTL.
Les policiers de ce service spécialisé ont totalisé 97 entorses à la loi sur la laïcité recensées par le ministère de l’Éducation nationale entre janvier et mars 2022. Ils ont ensuite constaté une nette augmentation lors du trimestre suivant avec 144 faits recensés, soit une hausse de 48% entre les deux périodes sélectionnées. A titre de comparaison, 150 incidents de ce type ont été constatés sur l’ensemble de l’année 2018.
Une multiplication de ces faits, liés au port d’une tenue traditionnelle et dont une «écrasante majorité» concerne l’islam, a été observée par des policiers en Isère, en Gironde, dans le Gard, la Creuse ou le Val d’Oise. Dans ce dernier département, les enquêteurs ont fait état de nombreux élèves refusant d’enlever leur voile au sein de leur lycée.
Une méconnaissance de la loi sur la laïcité de 2004
L'une des explications à ce phénomène est la méconnaissance de la loi sur la laïcité de 2004. Cette dernière établit que «dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit».
Autre piste de réflexion étudiée : celle des réseaux sociaux, avec l’apparition de défis sur TikTok incitant les followers à entrer dans leur établissement scolaire avec un voile ou la montée en puissance de la stigmatisation des professeurs sanctionnant ces comportements sur les réseaux sociaux.
Le contexte temporel a également pu jouer un rôle dans ces chiffres puisque la période observée correspondait à celle du ramadan, entrainant inévitablement des comportements mettant en avant la religion, même au sein des établissements scolaires.
A noter enfin que depuis l’assassinat de Samuel Paty, le SCRT a remarqué une multiplication des signalements des enseignants en lien avec ces incidents scolaires.