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Législatives : condamné pour violences conjugales, Jérôme Peyrat se retire face à la polémique

La candidature de Jérôme Peyrat avait, dans un premier temps, été défendue par Stanislas Guérini, délégué général de Renaissance. [Ludovic MARIN / AFP]

L'investiture controversée de Jérôme Peyrat dans la 4e circonscription de Dordogne pour les élections législatives avait déjà placé la majorité présidentielle au coeur de fortes tensions. Elles ont été ravivées ce mercredi 18 mai par les propos de Stanislas Guérini, au point de mener au retrait du candidat.

Un «honnête homme». C'est ainsi que le délégué général de Renaissance (ex-République en marche) a choisi de qualifier Jérôme Peyrat, le maire de La Roque-Gageac dont la  candidature  aux élections législatives en Dordogne était déjà pointée du doigt. Ce mercredi 18 mai, sur franceinfo, Stanislas Guérini a pris la défense de celui qui,  en septembre  2020, a été condamné à une amende de 3.000 euros avec sursis pour des violences sur une ex-compagne.

 L'opposition avait déjà déploré le fait que ce jugement  n'ait pas empêché la majorité présidentielle d'investir Jérôme Peyrat  dans sa circonscription, de surcroît  au détriment de la députée LREM sortante, Jacqueline Dubois, qui s'était finalement présentée en dissidence. Des voix s'étaient élevées pour souligner l'incohérence de cette décision par rapport à la grande cause du quinquennat choisie par Emmanuel Macron : l'égalité femme/homme.

Les propos tenus par Stanislas Guérini ce jour ont relancé la controverse, conduisant finalement Jérôme Peyrat  a retiré sa candidature aux législatives.  Pourtant, le délégué général de Renaissance cherchait clairement à le défendre, allant jusqu'à  questionner la décision de justice pourtant rendue dans cette affaire. «Je ne le crois pas capable de violences sur les femmes, lâchait Stanislas Guérini.  Si j'avais la conviction ou même le soupçon qu'on a à faire à quelqu'un qui puisse être violent et coupable de violences sur les femmes, jamais je n'aurais accepté cette investiture-là».

«Une dispute»

Se défendant de «donner l'impression qu'on pourrait empêcher la libération de la parole des femmes, qu'on pourrait empêcher la judiciarisation des affaires quand il y a des violences conjugales», ce dernier estimait alors qu'il faut «regarder les choses dans leur complexité».

Concernant la condamnation de Jérôme Peyrat, le délégué général de Renaissance parlait ainsi  d'«une dispute» et soulignait que  l'ex-compagne du maire de La Roque-Gageac «a elle aussi été condamnée». Selon France Bleu, elle aurait en effet reçu des amendes de 500 et 800 euros, pour des appels et SMS malveillants.

Cette défense n'a pas manqué de faire bondir certains élus d'opposition qui, à l'image de la députée La France insoumise Clémentine Autain,  ou de la responsable de programme l'Avenir en commun Clémence Guetté, ont rappelé que l'ex-compagne de Jérôme Peyrat avait eu «14 jours d'ITT» à la suite de son agression, des «douleurs à la mâchoire», «un hématome de la face vestibulaire» et un «syndrome d'anxiété post-traumatique».

Toutes deux ont dénoncé «une ignoble opération de justification» de la part de Stanislas Guérini, avant d'être rejointes par d'autres. Antoine Léaument, responsable de la communication numérique de Jean-Luc Mélenchon, s'est lui aussi indigné de propos jugés «écoeurants», tandis que Rachid Temal, sénateur socialiste du Val d'Oise, accusait Renaissance de «passer de la grande cause du quinquennat à la grande tartufferie».

«Les masques tombent»

«La question n'est donc pas la justice (en l'espèce elle est passée et elle a condamné) mais la protection des hommes violents. Merci Stanislas Guérini de le dire avec autant de clarté. Au moins, les masques tombent», écrivait sur Twitter Sandrine Rousseau, candidate de la Nouvelle union populaire écologique et sociale pour les législatives, dans la 9e circonscription de Paris.

Face au tollé,  le délégué général de Renaissance a finalement rétropédalé. Dans un bref message publié sur les réseaux sociaux, il a annoncé avoir échangé avec Jérôme Peyrat. «Nous avons convenu ensemble qu'il retire sa candidature [...] pour ne laisser aucune place à l'ambiguïté sur nos engagements», écrit-il. Stanislas Guérini se  dit conscient d'avoir «pu heurter et blesser» et assure qu'il ne «remet en aucun cas en cause une décision de justice».

Jérôme Peyrat a lui aussi rédigé un communiqué dans lequel il indique retirer sa candidature aux élections législatives pour ne pas «porter atteinte à [sa] famille politique». Il dénonce dans le même temps «l'alliance de la mauvaise foi, des raccourcis partisans et de la bonne conscience a peu de frais», responsables, selon lui, de son éviction.

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