La réelection d'Emmanuel Macron a été marquée par une forte abstention (28,01%), un phénomène en constante progression depuis 2007.
Depuis 1962, le président de la République est élu au suffrage universel direct. Les Français doivent donc se déplacer aux urnes pour choisir le chef de l’Etat. Un nouveau mode de scrutin qui voit émerger le phénomène de l’abstention.
L’élection présidentielle de 1958 qui connaît le taux de participation le plus fort de la Ve République est une exception. Seuls 0,58% des électeurs se sont abstenus. Lors de ce scrutin le suffrage universel direct n’était pas encore en vigueur. 82.000 grands électeurs étaient alors chargés d’élire le chef de l’Etat.
Deux exceptions
A compter de 1965, l'abstention a été en augmentation à chaque élection présidentielle. Deux exceptions cependant : en 1974 et en 2007. Cette baisse intervient au lendemain des deux élections ayant enregistré des records d'abstention.
En 2022, le record d’abstention est atteint, 27,16% des Français ont fait le choix de ne pas se rendre aux urnes. Si la moyenne des deux tours fait de cette élection celle où les abstentionnistes ont été les plus nombreux, dans le détail des premiers et seconds tours elle est devancée par les élections de 2002 et 1969.
Ainsi, avant l’élection présidentielle de 2022, c’est en 1969 que l'abstention avait atteint son plus haut niveau avec 26,78% d'abstentionnistes. Cette dernière rebaisse drastiquement en 1974 à 14,22%, le plus bas taux de la Ve République. Cette variation entre 1969 et 1974 peut s'expliquer par le contexte politique de l'élection de 1969. En effet, cette dernière est une élection anticipée, le général de Gaulle ayant démissionné après l'échec du référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation.
S'affrontaient alors, au second tour, le candidat du Centre démocrate et président par intérim Alain Poher et l'ancien Premier ministre de de Gaulle, Georges Pompidou. Un face-à-face d'hommes politiques de droite qui a pu décourager certains électeurs de gauche de se rendre aux urnes.
UNE FORTE ABSTENTION EN 2002
Le second moment de fluctuation intervient entre les élections de 2002 et 2007. La première est marquée par une très forte abstention, la deuxième plus haute pour une élection présidentielle sous la Ve, 24,34%. Cette élection enregistre également le taux de participation le plus faible au premier tour, 71,60% (28,4% d'abstention).
Cependant au second tour un fort rebond de participation est enregistré. 79,71% des électeurs se rendent aux urnes, ils ne sont plus que 20,29% à faire le choix de l'abstention. Cela peut s'expliquer par l'arrivée au second tour d'un candidat d'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, une première depuis le début de la Ve République. Il fait alors face au président sortant Jacques Chirac.
En 2007, la participation est à nouveau très forte et l'abstention est à un des plus bas taux depuis 1958 avec une abstention générale de 16,13%. A l'exception de ces deux fluctuations, le taux d'abstention n'a cessé d'augmenter atteignant 23,83% en 2017.
Au terme de l'élection présidentielle de 2022, Emmanuel Macron a été reconduit pour un second mandat avec 58,7% des suffrages exprimés, contre 41,3% pour Marine Le Pen. Une élection qui va faire l’objet de nombreuses contestations au vu de la forte abstention. Dès l’annonce des résultats de nombreuses manifestations étaient organisées partout en France.