Depuis lundi, la mort de Jérémy Cohen, le jeune homme de confession juive percuté par un tramway mi-février à la suite de violences, a suscité une vive émotion et de nombreuses réactions des candidats à la présidentielle. Ce n’est pas la première fois qu'un fait divers s'invite dans une campagne. En 2002, l'affaire «Papy Voise» avait provoqué une vague de réactions.
Paul Voise de son vrai nom était devenu le visage de l’insécurité lors de la campagne présidentielle de 2002.
Surnommé «Papy Voise», l’homme de 72 ans avait fait la une de la course à l’Elysée après son agression survenue dans un quartier sensible d’Orléans (Loiret) le 18 avril 2002, à seulement trois jours du premier tour.
Le retraité avait été roué de coups par deux jeunes, qui avaient même incendié sa maison.
Si l’affaire aurait pu rester dans les colonnes de la presse locale, la photo de «Papy Voise», le visage tuméfié, en larmes devant sa maison, avait fait le tour des journaux télévisés et s’était immiscée jusque dans les QG de campagne.
Un lien entre l’affaire et la montée de l’extrême droite
L’explosion de ce fait divers était survenue juste avant un autre choc : la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour, devant le socialiste Lionel Jospin.
Le candidat d’extrême droite, pointant du doigt l’insécurité grandissante en France, avait «profité» des malheurs de «Papy Voise» pour appuyer son discours d’un exemple concret.
Plusieurs responsables politiques et analystes avaient imputé une partie de la percée du Front national à l'affaire, et les médias avaient été critiqués pour donner une place trop excessive aux sujets liés à l'insécurité.
En février 2005, le parquet d’Orléans avait prononcé un non-lieu dans cette affaire, faute d’éléments probants. A noter que des rumeurs, jamais vérifiées, avaient couru sur Paul Voise, dont l’une évoquant un passé trouble de la victime.
«Papy Voise» a ensuite vécu quelques mois dans sa maison entièrement reconstruite grâce aux 42.000 euros récoltés par l’association «Soutien Popol», créée pour lui venir en aide.
Il est décédé en 2014 à l’âge de 82 ans, dans la maison de retraite qui l’avait accueilli un temps en 2004, à Lailly-en-Val (Loiret).
Un parallèle avec 2022 ?
Comme en 2002, les sujets liés à l’insécurité sont très présents dans cette campagne présidentielle de 2022. Ils sont principalement portés par les candidats de droite et d’extrême droite.
Le drame de Jérémy Cohen, mort le 17 février, percuté par un tramway à Bobigny après des violences, agite ainsi la classe politique depuis lundi.
Très porté sur les questions d’insécurité et de violences, Eric Zemmour a été remercié par le père de Jérémy Cohen pour «avoir mis la lumière médiatique sur la tragédie». Le candidat de Reconquête a été le premier à s’être saisi de l’affaire, avant que les autres ne réagissent.
Le président candidat Emmanuel Macron a, quant à lui, appelé les parents de la victime et demandé au «garde des Sceaux de le tenir personnellement informé» des avancées de l’enquête.