Le 16 février dernier, aux alentours de 20h, un jeune homme mourrait à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, écrasé par un tramway. La victime, Jérémie Cohen, tentait vraisemblablement d'échapper à plusieurs individus, a-t-on appris lundi 4 avril.
Voici ce que l'on sait des derniers développements de l'affaire.
Une vidéo relayée sur les réseaux sociaux
Des images présentées comme étant la vidéo de cette agression ont été relayées sur les réseaux sociaux. Elles montrent un attroupement de nombreux individus dans la rue. On y voit ensuite un homme se faire violemment frapper. La victime parvient à se relever pour prendre la fuite, mais est alors percutée puis écrasée par un tramway. Elle est décédée peu après minuit à l'hôpital, d'un arrêt cardio-respiratoire et d'un traumatisme crânien.
De sources concordantes, il s'agit bien de Jérémie Cohen. La vidéo des faits a été tournée par un riverain depuis un immeuble voisin surplombant la scène.
Si ce drame a d’abord été présenté comme un réel accident, la piste antisémite a depuis été avancée en raison de la confession de la victime. Rien ne permet toutefois de valider cette thèse. D'après une information de CNEWS, le jeune homme ne portait pas sa kippa au moment où il a été pris à partie. Le procureur de la République, Eric Mathais, a précisé mardi après-midi qu’aucun élément ne permet d’établir avec certitude qu’il en portait une, de manière apparente ou non.
Il a également indiqué que les témoignages ne faisaient pas ressortir de motifs discriminatoires expliquant cette violence.
Une information judiciaire ouverte
Eric Mathais avait avancé lundi dans un communiqué «qu'après une enquête ouverte dans un premier temps pour homicide involontaire, les éléments recueillis permettaient de comprendre que, quelques instants avant l’accident, la victime avait subi des violences».
«L’hypothèse que la victime ait traversé les voies du tramway pour échapper à ses agresseurs était naturellement prise en compte», poursuivait le communiqué. Une information judiciaire a donc été ouverte, avant l'apparition de la vidéo, pour «violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner».
«L'enquête se poursuit désormais sous l'autorité d'un juge d'instruction et sur commission rogatoire confiée au service départemental de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis», concluait le communiqué.
Des Investigations menées sur les images
Des investigations techniques sur la vidéo vont être menées pour améliorer la qualité de l'image, a annoncé mardi le procureur. Elles pourraient permettre d'identifier des individus et de faire ressortir ceux ayant porté des coups. La recherche d'autres témoins sera également déterminante, a-t-il ajouté, pour préciser les circonstances de l'agression et permettre l'interpellation des auteurs.
Il faudra établir la force du lien de causalité entre la scène de violence et le décès de la victime pour retenir les responsabilités pénales de chacun, a-t-il prévenu.
Des réactions en cascade
La mort de Jérémie Cohen a donné lieu à de nombreuses réactions, qu'elles soient politiques, de la part d'associations, ou de simples anonymes.
«Les images de la mort de Jérémie Cohen sont glaçantes. La mort d’encore un de nos enfants et le silence assourdissant sur les faits depuis deux mois me révoltent. Est-il mort pour fuir les racailles ? Est-il mort parce que juif ? Pourquoi cette affaire est-elle étouffée ?», s'est notamment interrogé le candidat à la présidentielle Eric Zemmour, que le père de la victime a tenu à remercier pour avoir médiatisé l'affaire.
Marine Le Pen a de son côté questionné sur l’ouverture d’une enquête parlementaire, se demandant si «on n'a pas en réalité travesti cet acte affreux qui a consisté à frapper, à molester un jeune juif handicapé qui s'est enfui et est mort de cette fuite éperdue, parce qu'on ne voulait pas parler de ça au moment de la campagne présidentielle». L'écologiste Yannick Jadot a réclamé que «toute la lumière [soit] faite sur les circonstances de la mort de Jérémy Cohen».
La Licra a de son côté aussi indiqué avoir pris «connaissance ce jour des circonstances abominables de (sa) mort» et a dit s’être rapprochée du procureur de la République.