La Collectivité de Corse a annoncé mardi 22 mars dans un communiqué la mise en berne de ses drapeaux à la suite de la mort d’Yvan Colonna, assassiné par un détenu alors qu’il purgeait sa peine pour le meurtre du préfet Erignac à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône). Une décision qui, dès le lendemain, a créé bon nombre de réactions.
Très symbolique, cette mise en berne des drapeaux de la Collectivité a pour but d’exprimer tristesse et soutien au peuple corse, très touché par la mort du militant indépendantiste.
Interrogé à ce sujet lors d'une interview à M6, le président Macron a répondu sans autre commentaire: «C'est une faute et c'est inapproprié».
D'autres personnalités publiques comme Bernard Jomier, médecin généraliste et sénateur écologiste, se sont indignées :
Aucun projet politique, dans notre République, ne légitime qu’une collectivité territoriale mette ses drapeaux en berne pour un homme qui a assassiné un préfet. Le Chef de l’Etat devrait condamner cette décision. https://t.co/8A51SIUiNb
— Bernard Jomier (@BernardJomier) March 23, 2022
Le député LR du Vaucluse, Julien Aubert, ou encore le philosophe Raphaël Enthoven se sont également offusqués sur Twitter :
Voilà maintenant qu’en France, une collectivité locale partie intégrante de la République met les drapeaux en berne - et donc le - pour saluer la mémoire de l’assassin de préfet ? Quelle que soit l’émotion, c’est inacceptable @GDarmanin ! @manuelvalls @chevenement. https://t.co/DYdcvoG7V9
— Julien Aubert (@JulienAubert84) March 23, 2022
Les drapeaux en berne ? En mémoire d’un homme qui a tué un préfet ? Vous êtes fous ?
Une chose, et bien compréhensible, est de déplorer la mort d’un homme en prison, tout autre est de faire un héros d’un assassin. #YvanColonna https://t.co/2mDUH1VcX5— Raphaël Enthoven (@Enthoven_R) March 23, 2022
Des réactions qui sont loin d'être isolées, le sujet occupant de la mise en berne occupant même les «tendances» du réseau social Twitter un certain nombre d'heures.
Une forte mobilisation
Au cœur d’une crise identitaire, les Corses expriment leur colère depuis la mort d'Yvan Colonna. Encore ce mercredi, Plusieurs manifestations étaient prévues sur place. La session spéciale de l'Assemblée de Corse qui était prévue jeudi a elle été annulée pour respecter «le deuil des proches» d'Yvan Colonna, explique-t-elle dans un communiqué, en ajoutant que la Corse avait perdu «un fils patriote et soucieux de sa terre».
Hier mardi, plusieurs recueillements ont déjà eu lieu sur l'île de Beauté, sur fond d'appels au calme, comme notamment celui d’Emmanuel Macron. A Ajaccio, près de 250 jeunes ont déambulé en partant de leur lycée pour aller déposer des bougies et chanter devant la cathédrale de la capitale.
Monseigneur François Bustillo, l'évêque de Corse, a lui a aussi rendu hommage à Yvan Colonna. L’Eglise catholique de Corse a d'ailleurs recueilli ses propos pour les publier dans un communiqué.
Communiqué de presse de Mgr François Bustillo (22mars 2022) #dioceseajaccio #eglisecatholiquedecorse pic.twitter.com/LBTtld5GQn
— Église Catholique de Corse (@dioceseajaccio) March 22, 2022
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé hier le transfert dans une prison Corse des deux autres membres du «commando Erignac» : Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, actuellement incarcérés à Poissy en Île-de-France, d'ici à la mi-avril.