Samedi 19 mars, des manifestants ont déversé près de 1.400 tonnes de blé transportées dans un train de marchandise en provenance de Beauce. Le parquet de Lorient a indiqué ce lundi avoir ouvert une enquête notamment pour dégradations de biens privés.
Les faits se sont produits aux alentours de 9h30 du matin, à hauteur de Saint-Gérand dans le Morbihan. Le train de marchandise a été «délibérément bloqué», et «environ 50 manifestants, revêtus de combinaisons, dont plusieurs masqués, montaient un muret de parpaings en travers de la voie ferrée, avant d’essayer de pénétrer à bord de la locomotive. Ils ouvraient ensuite les vannes des wagons conteneurs et faisaient ainsi se déverser des tonnes de blé sur les voies, tandis que les auteurs prenaient la fuite», a indiqué le procureur de la République de Lorient, Stéphane Kellenberger, dans un communiqué.
Au total, 1.390 tonnes de blé, destiné à la fabrication d’aliment pour le bétail, ont été déversées et rendues impropre à toute destination. Une situation «inacceptable en une période de tensions internationales majeures, alors que les pénuries se multiplient de par le monde», selon le parquet. «Cet acte de gaspillage alimentaire est scandaleux au moment même où la France doit consolider sa capacité de production nourricière dans un contexte international difficile», avait également réagi la préfecture du Morbihan.
Indignation du ministre de l'agriculture
En effet, l’Ukraine et la Russie faisant partie des principaux producteurs de blé dans le monde, de nombreux pays dépendent de leurs exportations pour se nourrir. La guerre en cours pourrait donc aboutir à une crise de famine mondiale, selon plusieurs organisations internationales comme l’ONU.
Réunis dans le collectif «Bretagne contre les fermes usines», les manifestants ont indiqué avoir bloqué le train en pensant intercepter une cargaison de soja. «Le système d'élevage hors-sol va droit dans le mur, nous devons mettre l'agro-industrie à terre», affirment-ils dans un communiqué. Le collectif prône «une agriculture paysanne, vivante, agroécologique, territorialisée, créatrice d'emplois et rémunératrice».
Cette action a cependant choqué une partie de la classe politique, notamment le ministre de l’agriculture Julien Denormandie, qui a déclaré : «Simplement inadmissible ! Mais aussi totalement irresponsable : détruire des productions de céréales alors que beaucoup de pays en manquent en ce moment... c’est affligeant. La justice doit passer.»
Yannick Jadot, candidat écologiste à l’élection présidentielle, s’est défendu de toute proximité avec les manifestants : «Je ne soutiens pas des actions qui aujourd’hui mettent des céréales dont on a besoin partout sur la voie. Je ne soutiens pas cette action-là. Ce que je porte moi, c’est un modèle de souveraineté alimentaire.»