Il y a soixante ans jour pour jour, le 18 mars 1962, étaient signés les Accords d’Évian qui mirent fin à la guerre d’Algérie et entrainèrent l’indépendance de ce pays. Emmanuel Macron présidera une cérémonie, demain, à l’Élysée à l’occasion de cet anniversaire.
A deux jours de cette réception, l’Élysée a annoncé mercredi que cette cérémonie était organisée dans un souci «d'apaisement» des mémoires et de «main tendue» à l'Algérie. Le palais présidentiel souligne cependant que «commémorer n'est pas célébrer», prenant ainsi le soin de ménager toutes les susceptibilités à moins d'un mois du premier tour de la présidentielle alors que la date du 19 mars 1962, qui marqua l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre armée française et indépendantistes algériens, continue à faire polémique.
En effet, les rapatriés contestent le choix de la date du 19 mars 1962 comme marqueur de la fin de la guerre d’Algérie (1954-1962), en raison des violences qui se poursuivirent jusqu'à l'indépendance de l'Algérie le 5 juillet 1962 et se conclurent par l'exode de centaines de milliers d'entre eux vers la France.
«Tous les événements liés à la guerre d'Algérie ne se sont pas terminés du jour au lendemain avec la signature des Accords d'Évian», a concédé l'Élysée en citant notamment la fusillade de la rue d'Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l'Algérie française furent tués par l'armée le 26 mars 1962.
«Le 19 mars est une étape sur ce chemin (de mémoire) mais ce n'en est pas le terme», a insisté la présidence, en rappelant qu'un hommage serait aussi rendu aux appelés de la guerre d'Algérie le 18 octobre si Emmanuel Macron est «réélu».
l'épineuse question des «excuses» réclamées par alger
La cérémonie de commémoration des Accords d’Évian qui se tiendra ce samedi de 12h à 13h30, réunira des témoins de toutes les mémoires liées à la guerre d'Algérie, appelés, combattants indépendantistes, harkis et rapatriés. L'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed-Antar Daoud, a également été invité, a indiqué l'Élysée, sans préciser s'il avait accepté l'invitation.
La ministre des Armées Florence Parly, le chef d'État-major des Armées Thierry Burckhard ainsi que des élus, dont le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, ville qui accueillera le futur musée de l'Histoire de France et de l'Algérie, seront également présents.
Les relations entre l’Algérie et la France sont marquées par un certain apaisement à l'approche des élections après deux années de crispations. Le Premier ministre Jean Castex pourrait ainsi effectuer une visite à Alger les 23 et 24 mars, a précisé l'Élysée. Celle-ci, initialement prévue en 2021, avait été annulée sur fond de tensions bilatérales.
L'objectif de cette commémoration, «réconcilier» et «apaiser», reste le même que lors des précédents rendez-vous du quinquennat autour de la guerre d'Algérie, a souligné un conseiller présidentiel.
Mais Alger, qui réclame des excuses officielles de la France pour la colonisation, n'a pas donné suite à ce travail de mémoire. «C'est une main qui est tendue et qui restera tendue», a toutefois souligné l'Élysée.