Une sculpture représentant l'émir algérien Abdelkader (1808-1883) sera inaugurée ce samedi à Amboise, sur les bords de Loire. Chef de la résistance à la conquête française, c'était aussi une figure spirituelle respectée et favorable à un islam tolérant.
L'idée originale vient de l'historien Benjamin Stora, auteur d'un rapport sur la réconciliation mémorielle entre la France et l'Algérie, qui a vu dans ce personnage historique un symbole d'apaisement.
Samedi prochain, la ville d'Amboise inaugure une statue d'Abd El-Kader.
Après avoir lutté contre la conquête de l'Algérie par la France, l'émir a évolué pendant sa captivité (Toulon, Pau, Amboise) et n'a cessé d'oeuvrer au rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée. pic.twitter.com/iLUK9oLWJX— Eric Anceau (@Eric_Anceau) February 2, 2022
Surnommé le «meilleur ennemi» de la France, l'émir Abdelkader a pris la tête de la résistance contre la conquête française de l'Algérie, avant de capituler en 1847.
Prisonnier à Amboise
Fait prisonnier à Toulon puis à Pau, il est ensuite détenu au château d'Amboise avec sa suite pendant quatre ans. «Homme de grande culture» selon Benjamin Stora, l'émir occupe ses journées par la prière, la lecture et la rédaction d'un essai philosophique : «Lettre aux Français». Dépourvu de toute animosité à l'égard de son ancien ennemi, il y parle culture, science et se dit admiratif de la rationalité française.
Affaibli par ses conditions de détention - causant la mort de plusieurs membres de sa famille - l'émir voit se former autour de lui un cercle de soutien comptant diverses personnalités du monde politique et intellectuel. Certains militaires l'ayant combattu lui apportent également leur soutien.
Grand-croix de la légion d'honneur
Sensible à sa cause, Louis-Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III) le libère en 1851 et le reçoit même au Palais des Tuileries.
Abdelkader se rend ensuite en Syrie où il s'illustre en intervenant pour sauver la communauté chrétienne de Damas d'un massacre en 1860. Un acte de bravoure qui lui vaudra d'être fait grand-croix de la Légion d'honneur par Napoléon III.
Selon la Nouvelle République, le coût de l'installation artistique est de 35.000 €, supporté en grande partie par des subventions de l’Élysée et de la Direction régionale des affaires culturelles.