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Violences en Corse : que réclament les manifestants ?

Des milliers de manifestants ont défilé à Bastia dimanche 13 mars. [Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP]

La situation s’envenime en Corse. Dimanche, à Bastia, la mobilisation en soutien à Yvan Colonna s'est muée en heurts faisant 93 blessés, dont 70 parmi les forces de l’ordre, selon un dernier bilan communiqué ce lundi après-midi. Mais que réclament les manifestants ?

La première des revendications concerne «la vérité et la justice pour Yvan». Des questions ont en effet été soulevées par la violente agression dont le condamné pour le meurtre du préfet Erignac (en 1998) a été victime en prison. Un déchaînement de violence de la part d’un détenu islamiste, qui l’a plongé dans le coma. Les manifestants estiment que l’Etat français est responsable de la situation. Certains ont pointé qu’il a laissé Yvan Colonna dans un établissement pénitentiaire de métropole, plutôt qu’en Corse, d’autres sont même allés jusqu’à insinuer que l’acte avait pu être téléguidé.

Des propos «totalement déplacés», selon le Premier ministre Jean Castex. Gilles Simeoni, président autonomiste du Conseil exécutif de Corse et ancien avocat du prisonnier, a de son côté demandé qu’une «commission d’enquête parlementaire» sur l’agression soit menée.

«LIBERTÉ POUR LES PATRIOTES ET RECONNAISSANCE DU PEUPLE CORSE»

Reste que le rassemblement ayant mené aux violences dimanche a été initié par des syndicats étudiants nationalistes, auxquels se sont joints les partis nationalistes corses. Dès lors, d’autres revendications que celles concernant Yvan Colonna se sont ajoutées au cortège.

Des demandes déjà largement entendues par le passé ont ressurgi : «la liberté pour les patriotes et la reconnaissance du peuple corse». Le Premier ministre Jean Castex a déjà fait un premier pas en levant le statut de «détenu particulièrement signalé» d’Yvan Colonna et de deux autres membres du commando ayant tué le préfet Erignac, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Il leur est désormais possible d’être détenus dans une prison en Corse.

Cependant, le fils du dernier nommé, Simon Paulu Ferrandi, comme d’autres personnes, ont néanmoins demandé plus. Ils réclament «leur libération, qui serait logique» au regard de leur dossier carcéral et des aménagements de peine habituellement exercés.

L'autonomie de l'île en toile de fond

Les élus de l’île se sont eux aussi joints au concert de demandes, amenant avec eux des revendications plus politiques. Une conférence de presse organisée ce lundi matin a ainsi permis à des députés de l’île d’affirmer qu’un processus politique sur l’autonomie de la Corse devait être mené, via l’article 74 de la Constitution (concernant l’autonomie des collectivités d’outre-mer).

Car si l’agression d’Yvan Colonna a été le déclencheur des manifestations et des violences, les tensions qui viennent d’éclater trouvent en toile de fond la question de l’autonomie, voire de l’indépendance, de ce territoire. Et le sentiment que l’Etat laisse volontairement les choses s’enterrer, alors que les listes autonomistes et nationalistes se sont imposées lors des derniers scrutins locaux à l’Assemblée de Corse.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui doit se rendre sur place mercredi et jeudi, a indiqué qu’il a «entendu les demandes sur l’avenir institutionnel, économique, social ou culturel» de l’île. Il est attendu de pied ferme, sur de très nombreux sujets.

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