La place de la France dans l’Europe est centrale à l’heure où le pays préside le Conseil de l’Union européenne. Entre négociation des traités, renforcement des frontières , ou encore rôle du Parlement européen, les douze candidats ont esquissé leurs propositions pour la France dans l’UE.
Emmanuel Macron
S’il n’a pas encore divulgué de programme précis, Emmanuel Macron a d’ores et déjà dévoilé sa vision de l’Europe. Dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne, le président-candidat avait déclaré vouloir faire de l’Europe «une puissance démocratique, culturelle et éducative, une puissance d’avenir et d’équilibre».
De plus, Emmanuel Macron a fait part de sa volonté d’actualiser la Charte des droits fondamentaux. Le but étant «d’être plus explicite sur la protection de l’environnement ou la reconnaissance du droit à l’avortement». Mais aussi de construire, entre Européens, un «nouvel ordre de sécurité et de stabilité».
Marine Le Pen
La candidate du Rassemblement national semble avoir changé son fusil d’épaule concernant la place de la France dans l’Union européenne.
Alors qu’elle discutait d’une éventuelle sortie de l'UE en 2017, Marine Le Pen compte désormais «remettre à sa place» une structure qu’elle juge «illégitime», en empêchant l’application de tout texte européen contraire à la Constitution française.
Dans cette optique, son ambition en tant que cheffe de l’État serait notamment de renégocier les accords de Schengen et de rétablir un contrôle aux frontières. Les procédures resteraient simplifiées pour les ressortissants provenant des États de l’Union européenne.
Valérie Pécresse
Dans la lignée gaulliste, Valérie Pécresse juge indispensable de rebâtir un dialogue constructif avec les Etats-Unis et adopter une stratégie de fermeté avec la Russie et la Chine.
Celle qui se veut être la principale force d’opposition à Emmanuel Macron souhaite «mieux défendre les intérêts de la France» à l’échelle européenne et mondiale.
De ce fait, si elle parvient à remporter l’élection présidentielle, la candidate des Républicains renforcera la préférence européenne dans la commande publique.
Elle défend également le contrôle systématique aux frontières pour tout entrant sur le territoire européen.
Elle accélèrerait ainsi le recrutement de 10.000 postes de garde-frontières Frontex.
Eric Zemmour
Le fondateur du parti «Reconquête» souhaite reprendre le contrôle des frontières européennes ainsi que de la politique migratoire.
Lors d’une interview télévisée, il avait émis l’idée de la construction d’un «mur» à «toutes les frontières» extérieures de l’Union européenne. Une idée inspirée de Donald Trump à la frontière mexicaine ou encore de la Pologne avec Biélorussie.
Face à une politique misée sur la compétitivité, Eric Zemmour souhaite défendre les entreprises françaises ainsi que les agriculteurs.
S’il est élu, l’ancien journaliste et polémiste réorientera l’Union européenne vers une Europe des Nations «qui respecte la dignité des peuples et des Etats».
De ce fait, il refusera tout nouvel élargissement et mettra fin au processus d’adhésion de la Turquie. De plus, le drapeau européen sera interdit des édifices publics s’il n’est pas accompagné du drapeau français.
Jean-Luc Mélenchon
Pour le candidat insoumis, «l’Europe de nos rêves est morte». Sa stratégie est alors de «rétablir notre souveraineté, à partir de deux clauses essentielles : la non-régression sociale, écologique et démocratique, et l’alignement sur les normes les mieux-disantes».
Jean-Luc Mélenchon est favorable à la clause «opt-out» (désengagement en Français, NDLR). Plus précisément, la non-participation de l’Etat à certaines politiques européennes.
En cas de désaccord, le candidat considère que le poids économique de la France obligera les autres pays à s’accorder avec Paris, et ainsi arrêter de «suivre la politique allemande».
De plus, Jean-Luc Mélenchon défend la fin des opérations de Frontex et que l’Union européenne «assume» son de voir «d’humanité envers les réfugiés».
Afin de lutter contre les naufrages en mer, l’insoumis en chef compte créer un «corps européen civil de secours et de sauvetage en mer».
Yannick Jadot
Réformer les traités pour «renforcer le rôle du Parlement européen et du procureur européen», est un point important de la vision de l’Europe de Yannick Jadot. Le candidat écologiste propose également de mettre fin au pacte de stabilité et de croissance afin de «construire une convergence des Etats sur des critères renouvelés et conformes aux exigences de transition écologique».
En ce qui concerne la gestion des frontières européennes, l’eurodéputé estime qu’il est «urgent de cesser d’abandonner les migrants qui traversent la Méditerranée».
Dans cette optique, il souhaite une renégocier l’accord migratoire entre la France et le Royaume-Uni, ainsi que le règlement européen «Dublin III», qui délègue la responsabilité de l’examen de la demande d’asile d’un refugié au premier pays qui a accueilli ce dernier.
Pour les traités, Yannick Jadot prône «le juste échange». Il propose ainsi de «mettre en place un moratoire sur la signature des accords commerciaux». Mais aussi, «d’intégrer des clauses sociales et environnementales réellement contraignantes».
Fabien Roussel
Si Fabien Roussel parvient à remporter l’élection présidentielle, le candidat communiste engagera des discussions pour un processus de rupture avec les traités européens actuels. En effet, il réclame la fin des règles des 3% (du produit intérieur brut) du déficit public annuel et du «carcan austéritaire» que constitue le «pacte de stabilité».
Le communiste a pour objectif de construire une «Union nouvelle», basée sur les peuples et «les nations souveraines, libres et associées».
Anne Hidalgo
La maire PS de Paris est favorable à la fin du pacte de stabilité et de croissance, au profit d’un pacte de progrès.
Afin de renforcer le budget de l’Union européenne, Anne Hidalgo souhaite taxer les transactions financières, mais aussi les Gafam.
Partisane de la «défense de la dignité humaine», la candidate socialiste propose l’instauration «d’un revenu et d'un salaire minimum cohérent» dans chaque pays membre. Mais aussi, la «mise en œuvre encore plus volontariste du Pacte vert».
Se voulant «plus exigeante» face à l’urgence climatique, Anne Hidalgo prône pour la mise en place d’un «véritable correctif carbone», basé sur des «objectifs précis et un calendrier par pays» et une «révision» des politique existantes.
Jean Lassalle
Jean Lassalle est favorable au débat et au vote du Parlement pour toute législation d’origine européenne «au lieu de laisser l’exécutif approuver par ordonnance pour les transposer en droit français».
En cas de victoire, le candidat de «Résistons» voudrait «revoir la participation financière de la France au budget européen», ainsi que de la révision des marges de décision sur le budget et la politique agricole commune (PAC).
Nicolas Dupont-Aignan
Hostile au traités européens, Nicolas Dupont-Aignan veut remplacer l’Union européenne par une «communauté des nations libres». Un ensemble qui agirait sur un mode confédéral.
A travers ce modèle de fonctionnement, le président de Debout La France favoriserait les réunions en petits groupes autour de sujets spécifiques tels que le nucléaire et la politique spatiale.
Afin de lutter contre l’immigration illégale, «NDA» souhaite que les Etats reprennent le contrôle de leurs frontières et que les moyens des douanes soient renforcés.
Enfin, s’il est élu, le député de l’Essonne renégociera les traités de libre-échange, qu’il juge «déloyaux». Il renoncera également aux accords de type Tafta et CETA.
Philippe Poutou
Pour Philippe Poutou, il n’est pas question de conserver les traités européens actuels.
En effet, ce dernier est un fervent partisan de «la solidarité et la coopération entre les peuples». Il voudrait ainsi «faire tomber les frontières».
S’il admet qu’il est difficile de propager ses idées aux autres pays, le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste considère que «ce qui se passe dans un pays peut donner envie ou des forces».
Nathalie Arthaud
Estimant que les frontières des Etats européens comme «dépassées depuis longtemps par l’ampleur mondiale des échanges économiques», Nathalie Arthaud est partisane de la mise en place des «Etats-Unis socialistes d’Europe». Un projet qui «va dans le sens de la disparition des frontières» s’il veut exister.