Après le pétrole et l’énergie, c’est au tour du secteur du textile de faire face à l’inflation. Après plus de deux ans de crise sanitaire liée au coronavirus, les vêtements pourraient coûter plus cher en magasin.
L’Insee a publié en décembre 2021 un rapport sur les prix à la consommation en France dans différents domaines.
En un an, de décembre 2020 à décembre 2021, l’indice des prix à la consommation de l’habillement et des chaussures a augmenté de 3,2%.
Cette hausse ne devrait pas s’arrêter de sitôt. LSA Conso, média spécialiste du secteur de la distribution et de la grande consommation, estime ainsi qu’environ 60% des magasins pourraient augmenter leurs le prix de leurs produits en 2022, vêtements inclus.
Une envolée des prix des matières premières
C’est une des conséquences directes de la pandémie. Le coût de toutes les matières premières utilisées pour fabriquer les vêtements a augmenté depuis 2019. En février 2022 le prix du coton a atteint son niveau plus haut : 1,29 dollar la livre (1,16 euro pour 0,45 g environ), soit une augmentation de près de 45% sur un an. La filière bio est encore plus concernée. Sur une année, les tarifs ont augmenté de 90%.
La laine et le lin, qui sont très utilisés dans l’industrie du textile, ne sont pas non plus épargnés par cette envolée des prix depuis la fin de l’année 2020. Entre septembre 2020 et septembre 2021, elle était de 43% pour la laine.
Le coût du pétrole, qui ne fait qu’accroître, a aussi une conséquence sur le prix des textiles puisqu’il est utilisé pour fabriquer des tissus synthétiques, comme le polyester, le polyamide, l’élasthanne, le nylon, l’acrylique ou encore le polyester recyclé.
Face à cette flambée des tarifs, les fabricants ont décidé d’acheter de nombreux stocks pour éviter une trop grande dépense. Mais cette rétention les fait également monter, car il y a plus de demandes que d’offres.
Une hausse des coûts annexes
Si le prix des matières premières exerce une grande influence sur ce que vont débourser les consommateurs pour acheter des vêtements, d’autres coûts entrent en jeu. Le gaz et l’électricité, très utilisés pour fabriquer les habits, ont aussi vu leurs tarifs fortement augmenter.
Le transport de marchandise est lui aussi affecté par le coronavirus. Pour donner un ordre d’idée, la propriétaire d’un magasin de tissus dans la banlieue de Chicago a ainsi expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) qu’un conteneur en provenance de l’Asie et qui arrive aux États-Unis, coûte entre 12.000 et 13.000 dollars (entre 10.740 euros et 11.640 euros environ), contre seulement 3.000 dollars (2.680 euros) avant la crise sanitaire. Des augmentations qui se feront forcément ressentir sur le prix de vente apposé sur l’étiquette du vêtement en rayon.
Des disparités en fonction des magasins
D’après LSA Conso, la hausse des prix des matières première n’aura pas le même impact chez tous les distributeurs. Même constat pour l’AFP qui précise que H&M est «habitué aux fluctuations du coût des matières premières ainsi qu'à d'autres facteurs externes qui pourraient potentiellement impacter les coûts d’achat» de leurs produits.
Ainsi, les magasins de luxe et certaines boutiques indépendantes auraient le plus à perdre, d’autant que ce sont les acteurs qui utilisent le plus de matières naturelles, comme le coton et le lin. Ils sont évidemment plus cher à l’achat que les tissus synthétiques.
La question de la slow fashion se pose alors. L’achat d’habits déjà portés par d’autres personnes a connu un large essor ces dernières années. Plus écologique, plus éthique et plus économique, elle a séduit de nombreux Français et de plus en plus de plates-formes qui émergent pour permettre l’achat de vêtements de seconde main.