Dans son édito de ce vendredi 18 février, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, revient sur les failles qui fragilisent l'Education nationale.
Le Président de la République va arriver dans la campagne avec des propositions très disruptives sur l’éducation. Autonomie des directeurs d’école, micro-collèges ou micro-lycées, augmentation des rémunérations des profs contre davantage de présence en classe, suppression du CAPES, fin de l’emploi à vie des professeurs. Si c’est vraiment cela qui figure dans le programme, c’est du lourd.
On y retrouve un peu ce qu’il avait déjà évoqué à Marseille en septembre, avec ces 50 écoles «laboratoires», où il expliquait que les parents d’élèves lui disent; à tel endroit, les profs ne viennent plus… fatigués de travailler trop longtemps dans des quartiers difficiles.
Les professeurs sont las et la réalité est très préoccupante. En effet, sur 713.000 participants de la JDC 2018, 1 jeune sur 20 est illettré en France et 1 jeune sur 10 a des difficultés en lecture.
La fin de l’Education nationale
On peut dire que l’Education nationale a montré très clairement ses limites pendant la crise sanitaire.
Les cours à distance étaient très chaotiques dans le public alors que le privé s’est plutôt mieux adapté. Au final, 5% des professeurs du public, soit 40.000, n’ont pas contacté leurs élèves pendant le confinement. On ne sait pas vraiment pourquoi, maladie, absentéisme, difficulté informatique ? Il n’y a pas eu d’enquête, ni de sanctions.
A cela s’ajoute de mauvais résultats du public par rapport au privé au-delà de la crise sanitaire.
La France mal classée dans les classements PISA
La France est 23ème sur 82 en lecture, 25ème sur 82 en mathématiques et en sciences. Ce n’est vraiment pas terrible. Mais en réalité, quand on regarde plus dans le détail, il y a du meilleur et du pire dans notre système d’éducation.
Selon les évaluations nationales de 2019, les élèves du CM1 public (hors Education prioritaire) maitrisaient le français à 75,5% contre 89,4% dans le privé. Concernant les mathématiques, les élèves du CM1 public affichaient un taux de maitrise satisfaisante de 73,1% alors que cela représente 85,9% dans le privé.
Il faut diversifier et renforcer l’offre d’enseignement privé sur le territoire. Il en va de l’avenir des élèves et de l’amélioration des résultats. Il serait temps qu’on s’en rendre compte.
Sortir du statut, embaucher sous contrat, permettre aux proviseurs de choisir leurs équipes pédagogiques et de les rémunérer en fonction de leur implication, tout cela irait dans le bon sens. Mais il ne faut pas oublier l’essentiel : gérer l’éducation au niveau local et ne plus embaucher les profs au niveau de l’Etat… comme cela se passe dans tellement de pays d’Europe et faire sauter cette règle tout à fait obsolète du 80/20 qui veut que 20% seulement d’une classe d’âge puisse aller faire ses études dans l’enseignement privé.
Cette règle qui n’est pas dans la loi d’ailleurs et n’a aucun sens. Cela prive nos jeunes élèves d’un meilleur enseignement (au demeurant moins cher pour la collectivité). De la liberté de choix pour l’école au lieu d’être assigné à un établissement, en sortant du modèle éducation nationale cela ne peut que fonctionner mieux.