Dans son édito de ce vendredi 4 février, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, se penche sur les chiffres du chômage.
Le chômage atteint 7% de la population active en Europe nous dit Eurostat, au plus bas depuis avril 1998. En France, ce taux atteint 7,4%, selon les données harmonisées d'Eurostat. Certains pays sont même au plein emploi : République tchèque (2,1%), en Pologne (2,9%) et en Allemagne (3,2%).
La France est-elle au plein emploi ?
Nous en sommes encore loin ! Il est très difficile de se faire une idée du vrai nombre de demandeurs d’emplois en France. Il y a en effet un écart d’un million de demandeurs d’emplois, entre les catégories A (demandeurs d’emplois sans emploi) de Pôle emploi et les chiffres de l’INSEE : 3,1 millions versus 2,2 millions de chômeurs.
A la fois par l’Assurance chômage et par l’Etat, c’est 3 millions au 3e trimestre 2021.
Certains ne sont pas tenus de chercher un emploi car ils sont en formation (347 800 personnes – cat D au 4e trimestre 2021) mais cela donne tout de même une indication non négligeable : on est loin des 2,25 millions qui font les 7,4% calculés par Eurostat.
Pour évaluer le nombre de chômeurs, l’Insee ne s’appuie pas sur les données de Pôle Emploi mais réalise une enquête auprès de 110.000 personnes. Seules sont comptabilisés parmi les chômeurs, ceux qui répondent «oui» à la question suivante : «avez-vous effectué une démarche active de recherche d'emploi au cours des quatre dernières semaines et êtes-vous disponible pour travailler dans les deux prochaines semaines ?». Cette définition du chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) est la même partout dans le monde.
Par définition donc, ceux qui sont en chômage partiel de longue durée, ceux qui sont en formation, ceux qui sont en emplois aidés, tous ceux qui sont, pour une raison ou pour une autre, non disponibles pour travailler dans les deux semaines ne seront pas comptés et basculent dans ce que l’on nomme le halo du chômage.
En France, ce fameux «halo du chômage» est, selon les derniers chiffres de l’INSEE, de 2 millions de personnes en âge de travailler, souhaitant travailler, mais qui ne sont pas comptées comme chômeurs pour autant. Ce chiffre a bondi avec la crise, la France ayant traditionnellement plutôt un halo du chômage autour de 1,5 million de personnes.
Toujours selon l’INSEE et la Dares, dans une publication datée de 2019, on voit clairement qu’en 2017, si l’on additionne le chômage, le sous-emploi et le halo du chômage, on arrive en France autour de 17% et en Allemagne autour de 9% soit quasiment moitié moins. Deux ans plus tard, en 2019, si on additionnait juste le chômage et le halo du chômage en France on était à 13,5%. En Allemagne on était à 7,2 et aux Pays-Bas à 9%.
Très loin du plein emploi...
Effectivement, si l’on fait le compte entre les demandeurs d’emplois, les inactifs qui ne cherchent plus d’emploi et les personnes qui travaillent mais souhaiteraient travailler plus (sous-emploi), on englobe près de 6 millions de personnes et on triple le nombre de demandeurs d’emplois officiels.