«Tout de suite, je me suis dit : "ma vie est finie"». Une enseignante de Trappes (Yvelines) s’est retrouvée visée par une «fatwa numérique», selon les termes du procureur, pour avoir utilisé la photo du chanteur Soprano dans un cours de SVT.
L’affaire trouve ses racines il y a plus d’un an, en décembre 2020. Sur une frise chronologique traitant de l’évolution de l’Homme, la professeure avait mis une photo du chanteur Soprano pour illustrer l’homo-sapiens, rapporte Le Parisien. Ce choix d’une personne noire avait été fait après des remarques d’élèves, souhaitant voir plus de diversité dans les cours.
Le message n’a tragiquement pas été compris par tout le monde. Le père d’un étudiant a en effet estimé qu’il s’agissait d’un acte raciste, comparant le chanteur à un singe. Il a alors publié la photo sur les réseaux sociaux. «Ya rien qui vous choque (…) Education nationale de merde. Faites tourner on doit pas accepter», a-t-il notamment écrit.
Le commencement d’une «fatwa numérique», selon le procureur des Yvelines, qui a conduit à de nombreuses menaces envers l’enseignante. Depuis, celle-ci a avoué avoir «peur de mourir».
Un contexte inquiétant
L’épisode fait grandement penser au cas Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie qui s’était fait décapiter le 16 octobre 2020 à la sortie de son collège des Yvelines, après des vidéos publiées sur les réseaux sociaux par un parent d’élève et un militant islamiste, suite à l’utilisation de caricatures de Mahomet dans un cours.
Trappes a par ailleurs été le lieu où un le professeur de philosophie Didier Lemaire a été placé sous protection policière pour des propos sur l’islam.
Le parquet a donc pris l’affaire très au sérieux. D’abord mis en garde à vue, le parent d’élève à l’origine des menaces a été jugé le 15 novembre dernier. Il a reçu une peine de six mois de prison.