Initialement prévu pour être mis en service en 2012, le réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR de Flamanville (Manche) multiplie les déboires et surcoûts depuis le début de sa construction, en 2007. Ce mercredi 12 janvier, EDF a annoncé de nouveaux retards.
Dans un communiqué, le groupe français explique que «la date de chargement du combustible est décalée de fin 2022 au second trimestre 2023. L'estimation du coût à terminaison passe de 12,4 milliards d'euros à 12,7 milliards». Sachant que, depuis 2007, le coût initial du projet a quasiment été multiplié par quatre.
Point d'actualité sur l'EPR de Flamanville
— EDF (@EDFofficiel) January 12, 2022
Si la crise du Covid-19 a eu «un impact diffus», «le point principal de décalage du planning est lié aux activités de reprise des soudures sur le circuit secondaire», développe EDF. Selon Xavier Ursat, directeur exécutif en charge de la direction Ingénierie et Projets nouveau nucléaire, ces opérations se termineront fin août au lieu d'avril.
L'an dernier, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Bernard Doroszczuk, avait déjà alerté sur l'absence de «marge» sur le calendrier de chantier. Aussi, à l'issue du Conseil des ministres, ce mercredi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a souligné l'intention de l'exécutif de veiller à ce qu'EDF «tire les leçons des différents retards» accumulés, afin d'«améliorer le processus industriel».
Un réajustement nécessaire alors que la France s'apprête à lancer un nouveau programme de construction de réacteurs nucléaires, annoncé par Emmanuel Macron le 9 novembre dernier. Sachant que le nucléaire est l'un des thèmes clivants de la campagne présidentielle, ces nouveaux déboires pourrait compliquer la tâche du gouvernement, qui doit encore détailler les contours de ces futurs chantiers.
Un «moratoire» demandé par Greenpeace
Greenpeace a d'ores et déjà demandé «un moratoire sur les travaux de l'EPR de Flamanville, afin de conduire une évaluation en toute indépendance de la viabilité des réacteurs nucléaires EPR». L'ONG dénonce ici «un énième retard qui disqualifie les annonces de nouveaux réacteurs».
L'EPR de Flamanville est le seul actuellement en construction en France, mais trois autres réacteurs du même type sont entrés en fonction à l'étranger : un en Finlande et deux en Chine, à Taishan. En juillet, l'une des deux structures chinoises a été mise à l'arrêt après un incident dû à «un phénomène d'usure mécanique de certains composants d'assemblage» de combustible qui, selon EDF, «ne remet pas en cause le modèle EPR».
A l'époque, l'ASN avait néanmoins exigé de comprendre ce qui s'était passé en Chine avant de donner son feu vert concernant le réacteur normand. Aujourd'hui, EDF assure qu'«une solution déjà mise en oeuvre sur le parc nucléaire en exploitation [...] sera instruite avec l'Autorité de sûreté nucléaire française», «dans la perspective du démarrage de Flamanville 3».
Le chargement du combustible, repoussé au second trimestre 2023, constituera la première étape du lancement de l'EPR. Après cela, Flamanville 3 devra encore franchir plusieurs paliers pour atteindre sa pleine mise en service commerciale. Mais, Xavier Ursat l'assure : «Les premiers mégawattheures seront produits sur le réseau avant la fin de l'année 2023».