Projet de loi controversé du gouvernement français, le pass vaccinal a enflammé les débats et a accentué la pression mise sur la classe politique ces derniers jours. D’après un chiffre communiqué par le ministère de l’Intérieur ce dimanche 9 janvier, 28 députés ont été menacés par courrier électronique depuis le début d’année 2022.
Signe du vent de contestation soufflant dans l’Hexagone au sujet du pass vaccinal : plus de 100.000 personnes se sont réunies samedi dans l’ensemble du pays afin de protester contre sa mise en œuvre. Si la quasi-totalité des contestataires ont opté pour une approche pacifiste, d’autres ont choisi une méthode plus violente, basée sur la peur.
Dans la lignée des 200 menaces émises par voie électronique à l’encontre des députés en France en 2021, 28 tentatives de pression ont été recensées par le ministère de l’Intérieur depuis le 1er janvier 2022, selon Le Journal du Dimanche.
Ce phénomène s’est accéléré depuis l’instauration largement décrié du pass sanitaire dès juillet 2021. Au total, depuis cette date charnière, les forces de l’ordre ont comptabilisé 431 atteintes aux élus, englobant les injures, les outrages, la diffamation, les dégradations ou encore les menaces de mort.
Des disparités géographiques
Favorables à la mise en place du pass sanitaire puis du pass vaccinal, les députés LREM, Modem et LR ont été les plus souvent ciblés par ces menaces émises par des opposants radicaux. En revanche, des disparités géographiques ont été détectées puisque les zones fortement urbanisées, comme la région parisienne, le Rhône ou encore les Bouches-du-Rhône, ont été les plus touchées par ces actes malveillants.
L’analyse de l’ensemble de ces menaces sur Internet a permis aux enquêteurs de mettre en lumière deux caractéristiques particulières : le champ lexical était proche de celui des milieux radicalisés, avec l’utilisation fréquente du terme «décapitation», et le recours au VPN a été systématique afin que l’anonymat des auteurs soit protégé.
Dès le 28 décembre, au lendemain de l’introduction du débat sur le pass vaccinal dans la sphère publique, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait demandé aux préfets de renforcer la protection des élus, avec notamment plus de passages de patrouilles policières devant le domicile et la permanence de ces derniers.
Pour faciliter les dépôts de plainte des députés à ce sujet, un point de contact unique a été mis en place à l’Assemblée nationale.
Face à la multiplication des agressions et menaces, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand réunira mardi soir les ministres de l'Intérieur et de la Justice, Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti, pour faire un point sur le nombre de cas recensés et la réponse judiciaire apportée.