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Paris : une enquête ouverte pour viol dans une école d'art du 6e

L'Atelier de Sèvres est situé rue Dupin, dans le 6e arrondissement de Paris. L'Atelier de Sèvres est situé rue Dupin, dans le 6e arrondissement de Paris. [© Capture d'écran/ Street View]

Passés sous silence pendant de trop longues années, les méthodes et agissements de l'équipe pédagogique de l'école d'art L'Atelier de Sèvres (6e) sont désormais connus de tous. Une nouvelle enquête pour viol a été ouverte en 2021, a-t-on appris ce lundi 20 septembre.

Les faits remontent à une longue période comprise entre 2003 et 2018. Pendant près de 15 ans, le directeur de l'Atelier de Sèvres (6e) – prestigieuse classe préparatoire aux concours des écoles des Beaux-Arts qui propose également des mastères – a régné en maître sur cette école, où il se serait appliqué avec beaucoup de zèle à humilier, violenter et attoucher ses élèves.

Un climat malsain, dans lequel il avait embarqué sa compagne, professeur également, ainsi qu'un certain nombre d'autres enseignants. Ensemble, entre 2007 et 2019, ils ont ainsi instauré «un climat empreint de propos sexistes, de scènes d’humiliation, de soirées où profs et élèves se mélangent lors de moments alcoolisés et de violences sexuelles», comme l'a révélé Mediapart ce lundi 20 septembre.

Des témoignages par dizaines

Mathilde* se souvient très bien du couple : elle qualifie le premier de «malade» et sa compagne de «femme très froide». Si elle assure ne pas avoir subi d'humiliations de leur part, elle explique qu'il y avait «de sales rumeurs» sur leurs agissements «avec des élèves».

En place depuis à peine deux ans à l'époque, le directeur entretenait déjà, selon elle, une ascendance malsaine sur ses classes. «Je n’allais pas aux soirées mais, en effet, c’était de notoriété publique qu’il couchait avec les élèves», explique celle qui était étudiante à l'Atelier de Sèvres en 2009.

Sur le compte instagram «My art, not my ass» (que l'on peut traduire par «Mon travail artistique, pas mon cul») – qui recense les nombreuses scènes d'humiliations et d'agressions dont sont victimes les femmes dans ce milieu –, l'ancien directeur n'est pas épargné.

«Ça se savait plus ou moins», témoigne cette première élève, qui souligne que «les professeurs, mais aussi certains manutentionnaires de l'école, âgés d'au moins 10 ans de plus que les élèves, couchaient avec eux».

Et de raconter en parlant du directeur : «il nous touchait les fesses, nous agrippait le cou. Une fois, en soirée, il a forcé le verrou des toilettes où j'étais [...] et a commencé à baisser sa braguette. Une amie est arrivée et lui a hurlé de se barrer».

«Je vois exactement de qui elle parle, sans besoin de nom, ni de description particulière. C’est effrayant», peut-on lire dans les commentaires de la publication. «On sait tous de qui elle parle ! Tous les ex-élèves de cette prépa ont des "stories" à balancer sur les profs mais il y en a tellement...», écrit cette autre.

LES PROFESSEURS IMPLIQUÉS LICENCIÉS

Tout s'arrête en 2019, après le départ de ce fameux directeur. Immédiatement informé, son remplaçant Yann Fabès ouvre une enquête interne et recueille une dizaine de témoignages, signalés à la justice. Et les enseignants impliqués – au moins «5 professeurs mis à pied» dont 4 licenciés pour «faute grave» selon le site d'information indépendant – ont quitté l'établissement.

Depuis, une enquête a été ouverte en 2019 pour des faits de harcèlement sexuel et d'agressions sexuelles, dont les investigations ont été confiées au 3e district de police judiciaire (DPJ). Puis une autre cette année, confiée au 1er DPJ, du chef de viol. Les deux enquêtes sont «toujours en cours», selon le parquet de Paris.

«Nous avons accompagné les victimes et licencié les enseignants impliqués dans ces agissements intolérables, que nous condamnons très fermement», a quant à lui fait savoir l'actuel directeur, qui explique avoir mis en place une série de «conférences sur les violences sexistes et sexuelles» pour sensibiliser élèves et professeurs.

Interrogé à ce sujet, le maire du 6e arrondissement Jean-Pierre Lecoq assure «tout ignorer de ces faits» et a découvert dans la presse ce lundi les tumultes que connaissait l'Atelier de Sèvres à cette époque. 

*le prénom a été modifié

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