La perspective de voir apparaître un sérum français sur le marché des vaccins anti-Covid s'éloigne encore. Attendus pour fin 2021, les résultats finaux de l'essai clinique de Sanofi ont en effet été reportés au premier trimestre 2022. Ce mercredi 15 décembre, le groupe ne dispose que de résultats intermédiaires.
Ils sont jugés positifs en tant que dose de rappel mais le laboratoire ne donne pas de calendrier précis concernant la date à laquelle ce vaccin pourrait être disponible. Olivier Bogillot, le président de Sanofi France, indique seulement que ce sera «l'année prochaine», sans donner plus de précisions.
[#News ] @sanofi et @GSK annoncent des données préliminaires positives sur leur candidat-vaccin de rappel contre la #COVID19 à base de protéine recombinante avec adjuvant et la poursuite de leur essai de phase III. Lire le communiqué
— Sanofi France (@SanofiFR) December 15, 2021
Face aux critiques formulées contre le groupe, à qui on reproche son retard, le dirigeant l'assure : «On aura un vaccin français». Seulement, Olivier Bogillot estime ne plus être «dans une course de vitesse» puisqu'«on voit bien que le virus est là pour longtemps».
«C'est important pour les Français de savoir qu'une société française travaille sur un vaccin et va le mettre à disposition. Ca ne sera peut-être pas pour une troisième dose. Ce sera peut-être pour une quatrième dose», ajoute-t-il.
D'après le communiqué publié par Sanofi, les résultats intermédiaires de l'essai clinique montrent «des réponses immunitaires fortes» après une dose unique de rappel du candidat-vaccin de Sanofi, développé à partir de protéine recombinante et avec la collaboration du britannique GSK. Il est question d'une multiplication de l'ordre de 9 à 43 des anticorps neutralisants, quel que soit le vaccin reçu en primovaccination.
Actuellement, l'essai mondial de phase 3, la dernière étape avant la mise sur le marché, se poursuit pour ce sérum. Selon la recommandation du Comité indépendant de surveillance et de suivi des données, il doit continuer jusqu'au début de 2022, afin de collecter davantage de données.
Une technologie différente de l'ARN messager
Olivier Bogillot explique que, pour mener cette étude, Sanofi a besoin de «cas qui n'ont jamais été exposés à un virus. Dans un contexte de pandémie [...] il est difficile de trouver des gens pas exposés au virus. Or, on a besoin d'un nombre de cas très significatif pour pouvoir mesurer l'efficacité. C'est la discussion que l'on a avec ce comité scientifique indépendant».
C'est la deuxième fois que le laboratoire français repousse la mise sur le marché de son candidat-vaccin. Un premier report de six mois avait déjà été annoncé en raison d'un problème de dosage et, à l'époque, Sanofi avait tablé sur des résultats définitifs de l'essai clinique fin 2021, pour une commercialisation début 2022. Une échéance qui n'est donc plus d'actualité.
Contrairement aux concurrents Pfizer-BioNTech et Moderna, le groupe français n'a pas opté pour la technologie de l'ARN messager pour développer ce sérum. Le laboratoire utilise plutôt la protéine spike du virus SARS-CoV-2 comme antigène, pour aider l'organisme à reconnaître le virus.
Un procédé qui se distingue mais ne permet pas de rattraper le retard accumulé. Puisqu'en parallèle l'Institut Pasteur a décidé de mettre fin à ses propres essais en début d'année, l'Hexagone n'a jusqu'ici commercialisé aucun vaccin contre le Covid-19.
Une réalité qui fait polémique concernant la souveraineté sanitaire de la France et l'état de la recherche dans le pays. Sachant que Sanofi est l'un des leaders mondiaux en matière de vaccins - hors Covid - les résultats de son essai sont néanmoins scrutés par les investisseurs. Mercredi, le titre a gagné 0,50% à la Bourse de Paris, juste après la publication de ces conclusions intermédiaires jugées encourageantes.