Dans son édito de ce mercredi 8 décembre, Eugénie Bastié, journaliste au Figaro, revient sur la percée de Valérie Pécresse dans les sondages (20% selon une enquête Elabe) en vue de l'élection présidentielle, et s'intéresse à l'argument de la «femme» présidente utilisée à son propos.
Il faut se méfier des sondages, mais il est certain que le bond spectaculaire de la candidate LR traduit une dynamique dont il reste à savoir si elle est superficielle. La France s’apprête-t-elle à rompre avec la loi salique qui interdit que les clés du Royaume ne soient données à une femme ? Valérie Pécresse a-t-elle réussi l’amalgame de l’autorité et du charme, comme le chantait Sardou ?
Il est vrai que depuis quelques jours, les compliments pleuvent sur la candidate : première femme de droite à se présenter à la présidentielle, elle serait le symbole de la modernité, le parangon du progrès, la fusée venant faire sauter le plafond de verre à la française. Elle a reçu les félicitations de Sandrine Rousseau et de Ségolène Royal. Bizarrement, Marine Le Pen n’a jamais eu droit à de tels laudatifs, comme si sa condition de femme s’effaçait dans la marque infamante de l’extrême droite. Pour Valérie Pécresse, c’est un atout qui lui fait bénéficier de l’air du temps féministe et de la bienveillance médiatique. Pécresse peut ravir à Emmanuel Macron le précieux sésame de la «modernité» qui plait tant à une certaine bourgeoisie…
Le fait d’être une femme peut bénéficier à Valérie Pécresse, notamment auprès d’un électorat féminin de droite rebuté par Eric Zemmour. Pour le moment ça ne se lit pas dans les sondages : selon l’enquête Elabe, la candidate fait le même score chez les hommes (19%) que chez les femmes (20%). Il n’y a pas d’effet femme en politique qui conduirait «les femmes» à voter pour une femme (elles ne sont pas si bêtes). Si la candidate fait de l’argument identitaire son fonds de commerce, elle n’ira pas bien loin. Pour le moment Valérie Pecresse ne joue pas trop cette partition se contentant de recueillir les hommages à son sexe sans en faire un argument électoral. Plutôt Thatcher et Merkel qu’Hillary Clinton.
Souvenez-vous, la candidate démocrate avait voulu être la candidate des femmes, mettant en avant un féminisme engagé… cela lui a valu l’hostilité d’une partie des hommes qui se sont tournés vers Trump. A l’inverse, Thatcher n’a jamais fait du fait d’être femme un argument de campagne. Au contraire, elle disait détester les féministes. Elle n’a jamais avancé que sa compétence, et son exemple d’ascension a probablement plus servi la cause des femmes que ne la servira jamais l’écriture inclusive. Pour gagner, Pécresse devra plutôt prouver sa crédibilité et sa capacité à être cette dame de «faire» qu’elle prétend être. Car, comme le disait Thatcher : «En politique, si vous voulez des discours, demandez à un homme. Si vous voulez des actes, demandez à une femme».