Deux habitants d'Amiens ont été arrêtés en fin de semaine dernière, suspectés d'avoir vendu par dizaines et en toute illégalité des mortiers d'artifice dans plusieurs quartiers sensibles de la ville. L'un des individus devait être présenté en comparution immédiate cet après-midi et le second sera jugé ultérieurement.
Ils doivent répondre notamment de trafic de stupéfiant, de travail dissimulé et de mise sur le marché d'articles pyrotechniques n'ayant pas fait l'objet d'une procédure d'évaluation de la conformité.
«C'est près de 4.000 tirs qui ne viseront pas les forces de l'ordre !», a souligné le commissaire Cyril Pizoird en évoquant la procédure bouclée la semaine dernière par ses enquêteurs de la Sûreté départementale. Il faut dire que la saisie est notable : en perquisition, les policiers ont trouvé pas moins de 466 mortiers d'artifice, destinés à être vendus sous le manteau via Snapchat et pouvant chacun permettre de tirer huit fois en direction de leur cible.
L'ouverture d'enquête fait suite à plusieurs épisodes de violences urbaines survenus à la rentrée à Amiens, et plus particulièrement dans la nuit du 25 au 26 septembre.
Ce soir-là, la police a essuyé des dizaines de tirs de ces engins pyrotechniques dans les quartiers d'Etouvie, Amiens-Nord et Amiens-Sud-Est. Les évènements ont montré que les délinquants qui vont à l'affrontement avaient accès à un stock important. Sous l'autorité du parquet d'Amiens, la sûreté départementale, appuyée par les services de Pharos, s’est donc attachée à remonter jusqu'aux fournisseurs.
Et après deux mois d'investigations, ses membres ont identifié deux hommes suspectés d'avoir monté un trafic illicite notable, avec livraison de la marchandise commandée, gammes de prix échelonnées selon les produits vendus, et même promotions pour satisfaire le client.
L'un des suspects, âgé de 29 ans et traînant fréquemment à Amiens-Nord, a été interpellé le 3 décembre en pleine tournée pour livrer ses ventes. Dans son véhicule, les policiers ont découvert 100 mortiers d'artifice à 8 coups, 10 gazeuses lacrymogènes, mais aussi des matraques télescopiques et des poings américains. Une autre partie du stock a été saisie chez lui : 36 mortiers d'artifices identiques aux précédents, d'autres engins pyrotechniques et des stupéfiants (2 kg d'herbes de cannabis, 135 g de résine de cannabis, 37 g de cocaïne).
«Et visiblement, il ne vendait pas que ça», explique à CNEWS le directeur adjoint de la DDSP. «Nous avons trouvé à son domicile 20 bouteilles de vodka, du tabac de contrebande, plusieurs faux brassards police, 3 carabines 22 long rifle et près de 4 000 euros en espèces.»
Une bonne partie du stock de ce commerce illicite a été retrouvée dans un box, avec notamment 330 mortiers supplémentaires, tandis qu'au domicile du second individu, arrêté deux jours plus tard, les policiers ont saisi des gazeuzes, des stupéfiants et 1 000 euros. Âgé de 27 ans, ce suspect habite Amiens Sud-Est, et comme son comparse, il a déjà été condamné par la justice dans des affaires de voie publique.
«Difficile de penser qu'ils pouvaient ignorer à quoi pouvaient servir tous ces mortiers d'artifice en les vendant dans les quartiers d'Amiens», poursuit le commissaire Pizoird.