Un habitant de la métropole lilloise (Nord) a saisi le conseil des prud’hommes après son licenciement pour «inaptitude au travail». L'homme âgé de 60 ans était en arrêt maladie depuis près de vingt-six ans.
Employé de Cargill, une entreprise spécialisée dans l'amidonnerie, Roger Laurent a été amputé des deux jambes lors d'un chantier d’aménagement de sa maison en 1992.
Lors du déchargement de la toupie de béton, ses bottes se sont emplies de béton causant des dégâts irréversibles sur ses jambes.
Absent de l'usine depuis 1997, l'employé a tout de même reçu chaque mois un bulletin de paie. En effet, le salarié en arrêt maladie a touché ainsi pendant plus de deux décennies une pension d’invalidité de 3e catégorie de 1.900 euros environ.
«cette affaire EST vraiment incroyable»
«Pendant toutes ces années, mon employeur ne m’a pas proposé de formation ni de nouveau poste adapté à mon handicap. Alors que c’était possible : on peut cumuler une pension d’invalidité avec un emploi», déclare Roger Laurent, interrogé par La Voix du Nord.
Un militant de CGT, Claude Dhédin, juge «cette affaire vraiment incroyable». «Je ne comprends pas pourquoi la société ne lui a jamais proposé une formation pour travailleur handicapé, comme la loi l’y oblige, un poste de travail adapté. Et, puisqu’elle ne l’a pas fait, pourquoi, durant tout ce temps, elle ne l’a jamais licencié.»
Mais voilà, son employeur a décidé de le licencier pour inaptitude au travail. Lors d'un entretien préalable, « Dorian Valois, le délégué syndical CGT qui m’assistait, avait demandé l’équivalent de quatorze mois de salaire et finalement, je n’ai obtenu que 7.410 euros…», explique Roger Laurent. C'est pour cette raison qu'il a décidé de porter l’affaire aux prud’hommes afin de tirer au clair sa situation.