Alors que le chef de l’Etat était en déplacement dans l’Aisne, vendredi, le candidat à l’investiture Les Républicains l’a interpellé avec vigueur, laissant place à une discussion glaciale sur l'épineux dossier industriel et les tarifs de l'électricité. Tous deux montent le ton devant les caméras.
Est-ce le président de la République ou le futur candidat à l'élection présidentielle qui se déplace dans les Hauts-de-France ? Le doute est permis. Vendredi 19 novembre, Emmanuel Macron a attaqué un circuit de quatre jours dans cette région, en commençant par des déplacements dans les départements du Nord et de l'Aisne avant de terminer lundi 21 novembre à Amiens, sa ville natale.
Une première étape loin d'être agréable pour le chef de l'Etat, marquée par un échange particulièrement tendu avec Xavier Bertrand. « Je veux sauver cette usine. Vous aussi ? » le président de la région des Hauts-de-France a profité de la visite d’Emmanuel Macron pour l'apostropher avec insistance sur la situation de l’aciérie Ascoval.
Pour recontextualiser, cette usine située à Saint-Saulve, emploie 270 salariés. Elle produit des barres d’acier destinées à la fabrication de rails. Son avenir demeure, à ce jour, très incertain. Le groupe allemand Saarstahl qui la détient envisageait, en effet, de délocaliser une partie de sa production en Allemagne, où les hauts-fourneaux tournent au charbon, bien moins cher que l’électricité, dont les prix flambent.
Mais à la suite d’une réunion à Bercy, jeudi 18 novembre, Saarstahl a renoncé à son projet. Le gouvernement n’a pas précisé les garanties accordées, ce qui suscite l’inquiétude du président de la région des Hauts-de-France.
Le coût de l'électricité en question
« La solution retenue n’est pas satisfaisante. C’est le tarif de l’électricité le problème. Tant qu’on aura la concurrence des Allemands avec le charbon, ils [Ascoval] ne seront pas compétitifs. Il faut leur accorder le tarif préférentiel, c’est la seule façon de les sortir d’affaire durablement », a ainsi lâché Xavier Bertrand au chef de l’Etat.
Emmanuel Macron lui a alors rétorqué : « Comme vous le savez, cher président du conseil régional, la ministre [chargée de l’industrie] y a passé sa journée et sa nuit ». Il a ensuite invité le candidat au Congrès Les Républicains à « en parler » à Agnès Pannier-Runacher, qui a annoncé que le contrat liant Ascoval à EDF allait changer au 1er janvier pour « stabiliser » le coût de l’électricité.
Mais Xavier Bertrand ne s’arrête pas là. « Je veux sauver cette usine. Vous aussi ? », insiste-t-il. Un échange devenant de plus en plus houleux. « Ils ont à ma demande dès hier convoqué l’entreprise », a répliqué Emmanuel Macron avant d’être interrompu par Xavier Bertrand : « Je vous dis que ce n’est pas ça la solution ». Ce dernier exige « des garanties » sur le tarif de l’électricité accordé à l’usine qui emploie 270 salariés.
emmanuel macron coupe court à la discussion
« Vous savez peut-être mieux que tous les autres », s’est énervé Emmanuel Macron. « Le problème n’est pas de savoir qui a raison de nous deux, prenez en compte le point de vue dont je suis le porte-parole », a rétorqué son interlocuteur. Le président de la République a alors coupé court en concluant : « Je vous remercie d’être aux côtés des autres élus qui œuvrent pour le territoire. Avec moi vous avez un président de la République qui se bat pour l’industrie sur le terrain. »
Une façon de renvoyer Xavier Bertrand à son statut de président des Hauts-de-France. Et de lui contester ce faisant celui d'adversaire potentiel pour 2022.