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Guillaume Sanchez, directeur général de la SPA :«La loi contre la maltraitance est l’aboutissement d’un combat engagé depuis longtemps»

Le directeur général de la SPA a confié que cette loi était une lueur d'espoir pour la cause animale. [SPA]

L’adoption par le Parlement de la loi contre la maltraitance animale, ce jeudi 18 novembre, a été particulièrement bien accueillie par les acteurs qui luttent en faveur des animaux. Pour Guillaume Sanchez, directeur général de la SPA, il s’agit d’une véritable lueur d’espoir, même si certains sujets doivent encore être abordés.

Que représente l’adoption de cette loi pour vous ?

Cette loi est l’aboutissement d’un combat de fond engagé depuis longtemps par la SPA avec d’autres associations. Nous avons tenté de la soutenir le plus possible, encore l’année dernière avec la campagne «StopAnimalObjet». Il est proprement insupportable d’imaginer des animaux derrière des vitres, livrés par colis. Nous sommes très heureux des grandes avancées qu’il y a derrière ce projet.

Pouvez-vous évoquer ces avancées ?

Nous, la SPA, sommes au bout de la chaîne, donc nous subissons souvent le système. Le fait d’interdire la vente de chiots et chatons en animalerie est un soulagement pour nous. L’interdiction de vendre des animaux sur Internet l’est tout autant. Nous avons déjà été approchés par des grands sites, mais nous avons toujours refusé de collaborer. Nous, nous avons une éthique. Il est inimaginable que la vente d’animaux ne passe pas par des professionnels agréés.

Tuer volontairement un animal constitue désormais un délit, cela doit être un immense soulagement pour vous…

Il est vrai qu’avant, lorsque l’on tuait un animal, on ne risquait qu’une contravention. On a désormais changé de catégorie pour que l’animal ait une place particulière. Ce changement permet de donner un autre écho à la souffrance animale. Rien qu’en 2020, nous avons eu plus de 385 audiences en tant que partie civile et souvent les tribunaux avaient du mal à nous suivre.

Cette loi renforce-t-elle votre combat face à la maltraitance ?

C’est un message très fort pour nos salariés, nos bénévoles, et ceux qui croient en la protection animale. Quand on est en bout de chaîne comme nous, et que tous les ans les compteurs de réception d’animaux explosent, c’est difficile.

Trouvez-vous néanmoins que cette loi oublie certains détails ?

Certains sujets doivent encore être abordés. Je pense aux nouveaux animaux de compagnie. En deux ans, entre 2019 et 2021, le taux d’abandon des lapins, hamsters et cochons d’Inde a augmenté de 82%. Ce sont des êtres vivants avec une vraie sensibilité et pourtant, ils sont toujours dans les animaleries.

Cette loi s’attaque aussi aux animaux des cirques et foires, va-t-elle assez loin ?

C’est un combat que nous portons depuis longtemps. Que l’animal soit derrière une vitre dans une animalerie ou en démonstration dans un cirque reste choquant et donne une image négative à la jeunesse. Je respecte néanmoins le travail des circassiens, ils portent une tradition culturelle passionnante. Mais nous faisons face à une évolution culturelle majeure. Nous devons nous interroger sur l’avenir de ces animaux-là. Ils risquent de ne pas retrouver leur habitat naturel, mais s’ils peuvent poursuivre leur vie dans un cadre plus libre et plus digne, ce sera déjà une grande avancée.

Chaque année, le nombre d’abandons d’animaux explose malgré vos campagnes chocs…

C’est pour ça que cette loi représente aussi une lueur d’espoir. Tous les ans, le record est battu et être confronté à cela malgré notre implication est très dur. Hormis les abandons, il y a un autre fléau qui augmente et que la loi traite mal. Il s’agit de la stérilisation des chats, dont le taux a augmenté de 14% sur l’été 2021. Nous aimerions que les communes s’investissent dans la stérilisation des chats libres, mais notre proposition n’a pas été retenue.

Comptez-vous porter d’autres propositions prochainement ?

Nous portons une proposition qui émane de Robert Badinter consistant à mettre en place un Défenseur du droit des animaux. Il s’agirait d’une autorité indépendante, qui observerait et s’assurerait que la loi soit bien appliquée. Elle permettrait d’être un juge de paix. Il ne serait ni associatif, ni empêtré par son électorat comme certains élus.

Est-ce que la jeunesse est suffisamment consciente de la souffrance animale selon vous ?

Il est important de sensibiliser la jeunesse. Nous aimerions vraiment que cela avance, notamment sur la corrida. Imaginer qu’un enfant de 10-12 ans puisse voir un animal se faire couper en tranches devant soi est insoutenable. J’ai du mal à comprendre que cette société si sensible à la protection des plus jeunes soit incapable se saisir de ce combat.

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