Dans son édito politique de ce mercredi 17 novembre, Florian Tardif se penche sur la difficile course aux parrainages d'Eric Zemmour, pas officiellement candidat à l'élection présidentielle.
C'est la course dans la course : l’obtention de 500 parrainages d’élus locaux. Condition sine qua non lorsque l'on souhaite se présenter à la magistrature suprême. Jusqu'en 1976, seules 100 signatures étaient demandées. Depuis ce chiffre a été quintuplé, ce qui rend la tâche beaucoup plus ardue pour certains candidats, dont Éric Zemmour.
Précisions au passage, chaque élu ne peut parrainer qu'une personne, cette décision est irrévocable et il n'est pas nécessaire que la personne présentée ait manifesté publiquement son intention de se porter candidat. Dans le cas d'Éric Zemmour, le démarchage d'élus est donc possible, bien qu'il ne soit pas officiellement candidat à la présidentielle de 2022.
Ainsi, depuis cet été, des centaines de bénévoles organisés autour de l'Association «Les amis d'Éric Zemmour» qui s'est muée en association de financement d'un parti, démarchent quasiment sur l'ensemble du territoire des élus locaux. Le but : éviter au candidat putatif de rencontrer tout obstacle sur sa route élyséenne.
Des embûches
Si cette démarche n'est qu'une formalité pour les candidats issus des partis dits traditionnels qui bénéficient toujours d'un ancrage territorial important, cela est un véritable casse-tête pour les autres. Éric Zemmour n'y échappe pas. S’il y a quelques semaines, l’entourage de l’essayiste se vantait publiquement d’avoir déjà récolté plus de 200 promesses de parrainages. Aujourd’hui, ils se font plus discrets.
Tout simplement, parce que les bénévoles en charge de la récolte des parrainages rencontrent de plus en plus de difficultés à obtenir ces précieuses promesses d’élus. Pour tenter d’arriver à leurs fins, malgré les difficultés rencontrées, l’association «Les Amis d'Éric Zemmour» a mis en place une véritable machine de guerre. De 250 bénévoles en charge de la récolte des parrainages sur l’ensemble du territoire, il y a plus d’un mois, ils sont passés à 680 personnes qui contactent quotidiennement les 42.000 élus concernés.
Pourquoi ça coince ? Car les élus qui signent verront leurs noms publiés, de quoi en refroidir certains. Le défi auquel est confronté Éric Zemmour, aujourd'hui, n'est pas nouveau et il n’est pas le seul à y faire face. Marine Le Pen, tout comme Jean-Luc Mélenchon rencontrent les mêmes difficultés pour des raisons quasi-identiques. Juridiquement, parrainer un candidat n'est pas un soutien, mais un «acte démocratique» destiné à filtrer les candidatures fantaisistes pour éviter la multiplication de ces dernières.
Sauf qu'en réalité, ces signatures sont politisées. Politisées par les candidats eux-mêmes, par les opposants des élus concernés, par les médias également. Et peut-être devrions nous à ce sujet entamer un examen de conscience. Quoi qu'il en soit, le secret des parrainages revient régulièrement dans le débat public. Il ne manquera pas d'être abordé lors de cette élection présidentielle.
Une solution simple et qui permettrait à toute personne souhaitant se présenter à la magistrature suprême pourrait être de ne pas divulguer le nom de ces élus. Mise sur la table à plusieurs reprises, durant cette décennie, cette proposition a pour le moment toujours été écartée… Au grand dam des candidats concernés. «Ce sont les règles, et nous jouons avec», déplore ainsi un membre des «Amis d'Éric Zemmour» avec qui j’ai pu échanger, hier soir.